Signe-de-piste-Editions-Delahaye

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Galactica
8 MaRS 3001
3Il y a une heure, le vaisseau interstellaire Galactica s’est posé
4sur le spatiodrome de la base lunaire Neil Armstrong
Athlétique, cheveux coupés courts, Ludwig, accompagné de son
second Régis, et de David, ont quitté le navire. Revêtus de leur
5combinaison spatiale en cyrcon ultra légère , ils se sont rendus au
quartier général opérationnel pour prendre les dernières consignes.
Profitant de cette escale, le Faon fait visiter le navire à ses cama-
rades. Élèves de Futuropolis, ces adolescents sont consternés de
devoir quitter la Terre, mais c’est une décision du Maître du Savoir
et il leur faut bien en prendre leur parti. Comme le veut la tradition
de leur école, les garçons sont torse nu, vêtus du court pagne rouge
et or lamellé d’argent, le front ceint d’un bandeau jaune frappé d’un
éclair noir.,
Le Faon n’a pas 15 ans. Elancé, mince comme une liane, il a la
peau dorée, des cheveux blonds comme les blés d’antan et des yeux
d’un bleu de porcelaine. De son vrai nom Loïc 41e, il est le fils
du centurion d’Ammag, une colonie terrienne installée sur l’une
des planètes d’Alpha Centaurus, à 4,5 années-lumière de la Terre.
Passionné d’astronautique, il connaît toutes les installations de ce
récent vaisseau intersidéral.
- Cette zone est divisée en une dizaine de niveaux reliés par des
plates-formes élévatrices et parcourus par des coursives donnant
accès à trois cents cabines.
Harold, un garçon calme au regard sérieux, hoche la tête:
3  V aisseaux   Galactica   e t   Phoebus:   voir   n ote   4   e n   f n   d e   t ome.
4  Pr emier   h omme   a yant   p osé   l e   p ied   sur   l a   lune,   l e   2 0   j uillet   1 969
5  Combinaison   s patiale   d es   T erriens:   voir   n ote   3   e n   f n   d e   t ome.
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La P
- Ce navire est colossal et ce qui me stupéfie, c’est que nous ne
sommes que neuf terriens à faire ce voyage ! Je croyais qu’il était
destiné à transporter les familles de pionniers sur nos colonies stel-
laires ?
6Xavier, l’aiglon bleu à l’étrange silhouette , ajoute en riant:
- On a l’impression d’être des naufragés sur une île déserte !
- Nous sommes arrêtés sur la base lunaire parce que le Galactica
a été conçu ici. Vous le savez, il n’existe que deux vaisseaux de ce
type. Ils ont des performances très supérieures aux autres navires
en service et nous profitons de son dernier voyage d’essai avant sa
mise en service.
Noémie, de longues mèches emmêlées tombant sur ses épaules, le
regard candide, est ravie:
- Vous avez vu ces installations luxueuses et ces nouvelles cou-
chettes de translation relativiste dont le gaz hypnogène va nous
maintenir en hibernation ?
Yvon l’interrompt, l’air blasé:
- Te fatigue pas, Noémie ! On connaît ça par cœur !
- Il y a pourtant une chose que je ne comprends pas, dit Betty.
Comment peut-on survivre si longtemps sans nourriture ?
- Parce qu’on absorbe, par osmose, des substances nutritives
contenues dans le gaz et qui entretiennent le métabolisme de notre
corps.
- Osmo ... c’est quoi ça ?
- Quand une solution chimique se diffuse au travers d’une mem-
brane semi-perméable.
- Mais de quelle membrane parles-tu ?
- C’est pas vrai, ce que tu peux être gourde ! Il s’agit de celles des
cellules de notre corps. Et en plus, ce gaz hypnogène ralentit leur
vieillissement.
Le Faon ouvre des yeux ronds.
- Sans blague !
- Mais oui ! Si nous restons un an en léthargie, nos cellules ne
vieilliront en fait que d’un peu plus d’un mois.
Passionnés, les aiglons poursuivent leur visite. Centre de soins
robotisé, installations techniques, laboratoires, machines ultra per-
fectionnées. Revenus dans le salon du Galactica, ils s’installent
face au grand écran de vision tridimentionnelle pour l’instant éteint.
Déjà, au cours du trajet Terre-Lune, ils n’ont pas quitté ce lieu, sub-
jugués par les images du globe terrestre, enveloppé d’écharpes blan-
6  V oir   n ote   2   concernant   Xavier   e t   Y von   e n   f n   d e   t ome.
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châtres s’éloignant dans l’espace, sur fond de velours noir constellé
de diamants. Comme pour chacun de leurs voyages dans l’espace la
froide beauté de l’immensité cosmique les fascine.
7- Donne-nous la vision extérieure, Octopus !
Les fines antennes, placées au sommet des trois sphères argentées
du robot d’assistance, se balancent doucement et le grand écran
incurvé s’ouvre sur l’extérieur. La vue est tellement parfaite que les
aiglons pourraient se croire hors du navire. Ils découvrent le spatio-
drome lunaire, construit au fond d’un cratère entouré de montagnes
aux arêtes aiguës. Une lumière crue baigne ce monde privé d’atmos-
phère, accentuant les ombres et les reliefs.
- À quoi servent ces dômes translucides au fond du cirque ?
- Ils recouvrent les puits d’accès à la base spatiale et aux usines
souterraines.
- Regardez ! Tout près d’eux un navire semblable au nôtre est
stationné !
- C’est le Phoebus, le frère jumeau du nôtre.
- C’était qui, Phoebus ?
- Le dieu grec de la lumière.
Les aiglons s’arrachent à regret à ce spectacle et suivent Octopus
dans une salle au plafond luminescent. Sur de nombreux écrans s’af-
fichent des courbes et des images de synthèse. Des sièges s’alignent
devant des consoles où miroitent des plages lumineuses multico-
lores.- Où sommes-nous, Octopus?
«Au centre opérationnel de secours à commandes vocales. La
conduite normale du vaisseau est confiée à un robot spécialisé, sorte
d’ordinateur analytique qui coordonne tous les computers de calcul,
exploite les programmes mis en mémoire et les nombreuses banques
de données. ^»
Au centre de cette pièce, baignant dans une lumière laiteuse
légèrement rougeâtre, quatre fauteuils de cuir entourent un globe de
matière vitreuse, opaque pour le moment. Le Faon s’est laissé tom-
ber dans l’un d’eux. Perdu dans une profonde rêverie, il monologue
d’une voix sourde :
- Commander un vaisseau spatial comme celui-là pour partir à la
découverte de planètes inconnues... mon rêve !
Il pousse un gros soupir, consulte machinalement son chrono, se
lève d’un bond.
7  Octopus,   c omme   s on   homologue   Thr ee-Apple,   est   u n   r obot   d’un   très   haut   niveau   d’in-
telligence   a rtifcielle,   m is   à   l a   d isposition   d es   T erriens   par   l a   civilisation   des   Rums.   V oir 
pr ologue.
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L’EmP E E
- L’heure du départ approche, il nous faut regagner nos cabines !
*
**
Le Galactica a quitté la Lune depuis plus d’une heure pour un
8court voyage de 4,5 années-lumière . Il approche de la vitesse de
la lumière. Une sonnerie musicale retentit. Une voix douce, bien
qu’impérative, résonne dans les cabines:
« Attention ! Vous devez être nus, ne rien porter sur vous de
métallique. Étendez-vous dans vos cuves de translation. »
Les aiglons n’ont pas attendu et Loïc a accompagné Xavier pour
une dernière inspection. Tous sont étendus, enfoncés jusqu’à la
racine du nez dans le gaz porteur qui prend insensiblement une
teinte jaune or. Ils n’ont aucune appréhension, car malgré leur jeune
âge tous sont des vétérans de l’espace.
Le Faon s’approche de Betty qui partage sa cabine. Elle som-
nole déjà, les yeux mi-clos, et seul son visage émerge encore. Il la
regarde quelques secondes, l’embrasse sur le front et s’allonge à son
tour alors que la voix off égrène les dernières secondes ...
Toutes les cabines sont maintenant baignées dans une lumière
pourpre sombre, animée de lentes pulsations. Le Galactica, où toute
vie est suspendue, quitte le système solaire à une prodigieuse vitesse
sous la surveillance des robots.
8  Pour   q ue   l e   r écit   a it   u ne   c hr onologie   a cceptable   p ar   l e   lecteur ,   les   vaisseaux   terriens 
Galactica   e t   P hoebus   s e   déplacent   dans   l’espace   interstellair e   à   u ne   vitesse   200   fois   supé-
rieur e   à   c elle   d e   l a   l umièr e.   Dans   l’état   actuel   d e   nos   connaissances,   i l   s’agit   évidemment 
d’une   pure   f ction.   -   R appel:   p our   toutes   les   questions   d ’astr ophysique,   consulter   l a   docu-
me