Allégories du pouvoir à la cour de Louis XIV

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Allégories du pouvoir à la cour de Louis XI V

G É R A R D S A B A T I E R Université Pierre Mendès France Grenoble II

En 1668, Charles Perrault publia La Peinture, poëme, discours-programme politico-artistique en 656 vers. Il y développait notamment une vision cyclique et progressiste de l’ac-tivité artistique, l’excellence passant de la Grèce à Rome et enfin à la France omettant sciem-ment la Renaisance italienne et les Flandres, les Pays-Bas et l’Espagne. Ce messianisme cul-turel était en même temps politique, l’excellence des arts n’ayant d’égale que celle de son sou-verain, la perfection étant précisément atteinte dans la louange même du roi :

... Nymphe c’est en ce temps que le bel art de peindre Doit monter aussi haut que l’homme peut atteindre, Et qu’au dernier degré les pinceaux arrivez Produiront à l’envie des tableaux achevez, Tableaux dont toutefois l’ample et noble matière, Que le prince luy seul fournira toute entière, Encor plus que l’art mesme aura de l’agrément, Et remplira les yeux de plus d’étonnement {...} Le Brun, c’est en nos jours que seront éclaircies Du fidèle Apollon les grandes prophéties, Puisqu’enfin dans la France on voit de toutes parts Fleurir le règne heureux des Vertus et des Arts {...} Et vous, peintres sçavants, heureux dépositaires Des secrets de la nymphe et de ses saints mystères D’hommes tous excellens, sage et docte assemblée Que les bontez du prince ont de graces comblée, De ce Roy sans égal vous sçavez les hauts faits, Vous voyez devant vous ses superbes palais, Allez, et que partout vos pinceaux se répandent

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