Présence et stratégies des firmes chinoises et indiennes en Europe : une perspective dynamique et comparative

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Le présent rapport se penche sur les investissements chinois et indiens en Europe afin d'en évaluer l'ampleur et d'en identifier les principaux acteurs et leurs différents attributs. Il s'appuie notamment sur les statistiques générales sur l'investissement direct à l'étranger (IDE) chinois et indiens qui montrent des investissements directs, certes encore limités, mais en hausse. Le rapport s'attache à identifier les différents types d'investisseurs chinois et indiens en Europe, analyse la façon dont ils ont opéré leur entrée ainsi que le contexte dans lequel ils ont pris leurs décisions et réalisé leurs investissements. Il s'interroge par ailleurs sur l'existence d'un éventuel soutien politique de leurs pays respectifs. Il passe en revue les stratégies et motivation de ces entreprises et évalue les conséquences pour les économies européennes, notamment le devenir des firmes européennes acquises.
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Publié le

01 mars 2008

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Langue

Français

Poids de l'ouvrage

3 Mo

 
 
    
   
  
 
Ministère de lEconomie, des Finances et de lEmploi Direction Générale des Entreprises
   
Présence et stratégies
des firmes chinoises et indiennes
en Europe
 une perspective dynamique et comparative
      Françoise Hay, Christian Milelli et Yunnan Shi  
Janvier 2008
             
  La recherche a été prise en charge par trois chercheurs :
Françoise HAY, Chercheur associé au Centre de Recherche en Economie et en Management (CNRS – Université de Rennes 1),
Yunnan SHI, Maître de Conférences à lUniversité de Rennes 1 et Chercheur au Centre de Recherche en Economie et en Management,
et Christian MILELLI, Ingénieur de Recherche CNRS àEconomiX (CNRS – Université de Paris X Nanterre) qui a aussi assuré la coordination scientifique.
Elle a bénéficié du concours de Julie Robert, Cartographe-géomaticienne à lUniversité de Paris X Nanterre.
 
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REMERCIEMENTS 
 Cette étude a pu être menée à son terme grâce au soutien de nombreuses personnes qui, à titre divers, nous ont fait bénéficier de leurs temps et de leurs connaissances. Une attention particulière à : Mme Manju de lAmbassade dInde à Paris, William Norris de lAmbassade de Grande-Bretagne à Paris, Eva Henkel, Tilo Mandry et Yi Cao deInvest in Germanyà Berlin, Sgivard Beck-Friis deInvest in Sweden Agencyà Stockholm, Fabrice Hatem de lAgence Française pour les Investissements Internationaux, et M. Descamps de la Fédération Internationale des Equipementiers dAutomobile.
Nous tenons également à exprimer notre reconnaissance à tous les responsables dentreprises en Allemagne, en France, en Italie et en Suède, qui ont accepté de nous recevoir et de nous consacrer une partie de leur temps, en particulier :
- pour la partie indienne, Elisabeth Hervier, Présidente dIDL, Thierry Hoffmann, Président de  
Therabel, Josy Charbonneau, Présidente de Zydus France et Amarendra Kolipakam dInfosys France ;
- pour la partie chinoise, M. Bertin, Directeur de Mobiltron France, M. Debernis, Responsable de production de Novel Vision, Xiaohui Liang, Directrice des Ressources Humaines de ZTE Europe, et Tik Lou, Directeur Général de JAC Anhui.
Nous remercions aussi pour laide précieuse toutes les personnes qui, à la Direction Générale des Entreprises, nous ont permis de réaliser cette étude. Nous tenons à remercier plus particulièrement M. Grégoire Postel-Vinay et Mme Joëlle Le Goff.
Enfin, nous remercions les participants aux colloques de Nottingham (mars 2007), Paris (UNESCO, juin 2007) et Shanghai (Université de Fudan, septembre 2007) qui nous ont permis daméliorer des versions préliminaires.
 Bien évidemment, selon lexpression consacrée, léquipe de recherche assume lentière responsabilité de toutes les erreurs et omissions qui pourraient être relevées dans le présent rapport. Il est important également de préciser que les appréciations et jugements prononcés nengagent que les auteurs de létude.
 
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PRESENTATION ET RECOMMANDATIONS   La présente recherche sur les investissements chinois et indiens en Europe sinscrit dans la problématique émergente dun phénomène économique récent, significatif et au cœur des relations économiques internationales, celui de lessor de flux dinvestissements directs des pays du Sud vers les pays du Nord. Le propos ici nest pas dordre théorique et académique mais principalement empirique. Il sagit dentreprendre une analyse systématique destinée à mieux cerner lampleur du phénomène et den identifier les principaux acteurs et leurs différents attributs. Afin de dépasser les limites inhérentes à toute approche macro-économique, trop agrégée par nature, laccent a été mis sur une approche micro-économique plus analytique. Les objets détude portent sur les motivations, les stratégies et les premiers effets de la présence des entreprises chinoises et indiennes en Europe. Lapproche adoptée est résolument dynamique et comparative. La recherche a mobilisé un certain nombre de ressources informationnelles parmi lesquelles une base de données constituée par les auteurs et une série dentretiens menés en Europe auprès de différents experts et acteurs.
La recherche a fait ressortir les points suivants : - Lessor des firmes chinoises et des firmes indiennes en Europe a été porté par le contexte de mondialisation, le soutien de leur Etat, la forte croissance de leur marché national, divers avantages compétitifs (notamment de faibles coûts de main-d'œuvre) et une maîtrise de processus industriels standard ; - les investisseurs indiens et chinois en Europe affichent plus de différence que de similitude, même si les comportements des seconds convergent pour partie vers ceux des premiers ; - les investisseurs indiens sont beaucoup plus spécialisés (IT et pharmacie) en Europe que les investisseurs chinois ; - les investisseurs indiens ont une préférence marquée pour les acquisitions alors que pour les firmes chinoises ce sont les créations qui viennent en tête ; ceci est lié à la différence des secteurs dactivité concernés (télécommunications et transport maritime pour la Chine, pharmacie et services informatiques pour lInde), des fonctions remplies (plus de R-D dans
 
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le cas des investissements chinois), et aussi une plus grande aversion au risque dans le cas de la plupart des investisseurs chinois ; - les firmes indiennes semblent rencontrer moins de difficultés que les firmes chinoises pour absorber et dynamiser les entreprises européennes acquises ;
- la vague dinvestissement indienne à venir en Europe semble plus étoffée que celle des investisseurs chinois. Il semble que les firmes informatiques indiennes soient à la veille dacquérir des acteurs européens de premier plan, notamment dans le domaine du conseil, après avoir établi à travers lEurope de nombreux bureaux de représentation et des centres de développement pour leurs activités plus usuelles ; - le fond souverain chinois (China Investment Corp.) nest pas, à notre connaissance, encore présent en Europe. La crise actuelle dessubprimes et les conséquences à venir en Europe peuvent constituer une opportunité avec toutefois une approche graduelle, via des participations minoritaires, plutôt que des acquisitions ou encore des OPA ;
- comme latteste une comparaison France-Allemagne, la venue des investissements chinois et indiens renforcent les points forts des économies nationales hôtes (par exemple la mécanique et le travail des métaux en Allemagne) et en accentuent les points faibles (faiblesse de la spécialisation industrielle française). Il nest donc pas étonnant de trouver en France un taux significatif de délocalisations (vers la Chine) dunités productives acquises par des firmes chinoises, alors quen Allemagne cette éventualité est plus rare.
La recherche a ainsi permis de dégager un certain nombre de perspectives. Trois scénarios, portant sur lévolution des investissements chinois et indiens en Europe, ont été avancés et classés ci-après selon leur degré de vraisemblance. Nous avons aussi pris en compte, pour lannée 2008, limpact de la diffusion de la crise des subprimes en dehors des Etats-Unis et le ralentissement de léconomie mondiale qui en résulterait.     
 
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Scénario 1 : Poursuite de la tendance observée depuis le début du millénaire à un rythme modéré, avec une pause périodique pour les investisseurs chinois toujours en phase dapprentissage. Lhypothèse retenue ici est celle dune neutralité de la crise financière. Scénario 2 : Accélération sensible des implantations soit de concert, soit 2 sous-scénarios de découplage : (2a) une plus forte dynamique indienne ; (2b) une plus forte dynamique chinoise. Lhypothèse sous-jacente est ici un ralentissement plus faible de léconomie européenne que celle de léconomie nord-américaine et larbitrage opéré par les investisseurs chinois et indiens vers une zone relativement plus dynamique. Scénario 3 : Décrue des implantations due à un ralentissement de la croissance
économique européenne comparable à celui des Etats-Unis, ou à un ralentissement de léconomie chinoise et à un moindre degré indienne en raison du lien via les exportations avec une économie nord-américaine en récession. Une autre explication réside dans lorientation vers dautres zones géographiques, dont la zone asiatique encore peu ciblée par les firmes chinoises et avec qui les relations commerciales sont plus denses. Ceci sinscrit dans le sillage de la « vision commune pour l'avenir » concrétisée par la signature entre la Chine et lInde d'un texte le 14 janvier 2008. Si les deux pays, qui rassemblent le tiers de lhumanité, regroupent leur dynamisme et leurs potentialités, ils sont aptes à modifier profondément létat des relations internationales.
Enfin, nous tirons de cette recherche un certain nombre de suggestions destinées à la Direction Générale des Entreprises et aux différents acteurs publics concernés par cette problématique et les enjeux qui lui sont associés : - poursuivre la mise à jour de la base de données avec une attention particulière à lactivité du fonds souverain chinois en Europe ; - mener des enquêtes et entretiens auprès des sièges sociaux en Chine et en Inde des firmes présentes en Europe afin de mieux cibler la place de cette dernière dans leurs stratégies mondiales et identifier les enjeux à venir pour les tissus industriels et les économies européennes ;
 
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- mettre en relation la présence, le positionnement sectoriel, les stratégies et les conséquences de ces entreprises en Europe avec la situation qui prévaut aux Etats-Unis ; -poursuivre les travaux déjà réalisés permettant de suivre les investissements chinois et indiens en Afrique1. Lenjeu est ici non seulement dordre commercial et économique, mais aussi politique et stratégique. La Chine et lInde sont-elles rivales ou complémentaires en Afrique, quelles sont les conséquences prévisibles pour la présence et linfluence européenne, et plus fondamentalement pour le développement du continent africain ?  
                                                 1 Cf. : le cas du La concurrence des groupes industriels chinois sur les marchés internationaux continent africain, Etude réalisée pour le compte de la Mission prospective (ex-Observatoire des Stratégies Industrielles), DGE, Ministère de lEconomie, des Finances et de lIndustrie, janvier 2006.
 
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SOMMAIRE 
INOITRTNCUDO.............................................................................................................. 9   1. Les investissements directs dorigine chinoise et indienne dans le monde : dune approche macroeconomique à une approche microeconomique ........... 10  1.1. Les enseignements des données macroéconomiques ............................ 10 1.2. Une approche microéconomique pour mieux identifier les acteurs et leurs stratégies ................................................................................................... 16  2. Les investisseurs chinois et indiens en Europe .............................................. 47  2.1. Un environnement favorable aux investissements étrangers ................. 47 2.2. Les acteurs en présence ............................................................................. 52  3. Les stratégies des entreprises chinoises et indiennes en Europe ................ 60  3.1. Les motivations............................................................................................ 60 3.2. Les stratégies poursuivies .......................................................................... 63 3.3. Un usage optimum des avantages européens .......................................... 81 3.4. Vers une convergence des stratégies des groupes chinois et indiens en Europe ? .............................................................................................................. 88  4. Quelles conséquences pour les économies européennes ?.......................... 90  4.1. Le devenir des firmes européennes acquises........................................... 90 4.2. Les enjeux de la présence en Europe de firmes chinoises et indiennes 95 4.3. Les relations commerce-investissement ................................................. 117  PIVESPECTESR......................................................................................................... 120   TABLE DES MATIERES................................................................................................ 124  BEIHIOILBPARG........................................................................................................ 127  AXESNNE................................................................................................................. 132  
 
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IDURONTNIOCT 
La montée en puissance des firmes multinationales de pays du Sud durant les deux dernières décennies est un phénomène inédit qui traduit lextension et lapprofondissement du processus de globalisation amorcé à la fin des années 1980. Il sagit là dune évolution structurelle, étroitement liée aux mutations des processus de production, de financement et de communication qui ont engendré de nouvelles règles du jeu pour le commerce et linvestissement à léchelle mondiale. Désormais, les firmes originaires du Sud développent des visions de plus en plus internationales de leurs activités, et elles investissent à létranger lors de phases du développement de leur pays dorigine plus précoces que par le passé. Cela sexplique par lémergence de nouvelles opportunités et perspectives, et aussi des avantages compétitifs fondés sur la maîtrise des coûts de production et une différenciation des produits et services. Lobjet de la présente étude sinscrit dans cette problématique en se focalisant sur les investissements réalisés en Europe par les firmes chinoises et indiennes. Encore limités, mais en forte progression depuis 2002, les flux dinvestissement en provenance de Chine et dInde marquent un réel changement dans les équilibres économiques mondiaux mis en place et contrôlés depuis plusieurs décennies par les pays industrialisés du Nord. Certes, dans les années 1970 et 1980, les investisseurs des pays pétroliers arabes et les « dragons asiatiques » sont devenus des exportateurs nets de capitaux. Cependant, les enjeux actuels sont différents. En effet, les deux nouveaux venus — on devrait plutôt parler de retour tant ces deux pays ont occupé une place de premier plan au sein de léconomie-monde jusquau XVIIIème— interpellent à la fois par leur taille, leur dynamique interne, leursiècle volonté de devenir des chefs de file incontestables des pays du Sud, et aussi par leurs firmes qui nhésitent plus à concurrencer les grandes firmes multinationales sur leur marché national, les marchés tiers et même leurs marchés dorigine. La montée en puissance des firmes chinoises et indiennes, quelles soient publiques ou privées, quelle relève de groupes diversifiés ou spécialisés, est un phénomène récent. Si la plupart de leurs investissements en Europe sont jusquici passés inaperçus, certains ont toutefois marqué les esprits et fait la une des médias à travers lacquisition dentreprises de renom.
 
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1. LES INVESTISSEMENTS DIRECTS DORIGINE CHINOISE ET INDIENNE DANS LE MONDE: DUNE APPROCHE MACROECONOMIQUE A UNE APPROCHE MICROECONOMIQUE 
Les statistiques générales sur linvestissement direct à létranger (IDE) chinois et indiens montrent une tendance incontestable qui est celle dun trend ascendant, notamment depuis 2002. Toutefois, elles sont difficiles à analyser et à interpréter car elles portent sur des niveaux dinvestissement encore limités, fluctuants dune année sur lautre, et biaisés sur le plan comptable.
Lapproche microéconomique permet de mieux identifier les acteurs de cette dynamique, que sont les entreprises chinoises et indiennes, et de caractériser leurs motivations et stratégies internationales.
1.1. Les enseignements des données macroéconomiques
La principale source statistique de référence sur les IDE mondiaux est le « Rapport sur linvestissement mondial » publié annuellement par la Conférence des Nations unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED)2. Il prend en compte les données rapportées par les différents pays dans leur Balance des paiements, ce qui nest pas à labri dimperfections, notamment pour les pays en développement.
1.1.1. Des investissements directs dorigine chinoise et indienne encore limités mais en hausse
Les émissions dIDE en provenance de Chine et dInde sont encore relativement faibles par rapport à la taille de leurs économies nationales. A la fin de lannée 2006, lInde, la Chine et Hongkong détenaient respectivement 0,1%, 0,6% et 5,5% des stocks mondiaux dIDE, et 0,8%, 4,6% et 43% des stocks émis par les pays en développement. Limportance de Hongkong comme source dinvestissement est frappante même si cette vision doit être nuancée en raison de réserves sur lidentité réelle des investisseurs. La prise en compte des montants dIDE par rapport au PNB et à linvestissement intérieur (FBCF) conforte les tendances observées (tab. 1).
                                                 2 UNCTAD en anglais. 
 
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