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Réapprendre la Chine
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Français

Le cours de la recherche
es différents travaux qui tentent de « repen-
ser l’histoire » japonaise impliquent certes
une déconstruction de la relation à l’Occi-
dent, mais également une relecture des liens
avec la Chine
1
, pôle de référence jusqu’au
XIX
e
siècle
2
. Une partie des sciences sociales
japonaises, presque exclusivement focalisées
jusque-là sur l’occidentalisation et ses effets,
a redécouvert et réévalué la place de la Chine
(et, logiquement, de la Corée) dans la for-
mation du Japon moderne.
Pourtant, comme le notait le politiste
Kôsaka Masataka à la fin des années soixante,
la Chine a longtemps posé problème aux Japonais. « À la question “Qu’est-ce que
la Chine ?”, il n’y a pas de réponses plus vagues, compliquées et émotionnelles que
celles des Japonais », écrivait-il
3
. Dans les sciences sociales, ce « problème chinois »
était bien souvent abordé selon des logiques culturalistes ou idéologiques, renvoyant
à des catégories scientifiques parfois incertaines.
Ainsi les milieux intellectuels et académiques japonais l’appréhendaient tradi-
tionnellement, depuis Meiji, en empruntant les méthodologies et les concepts de
l’Occident. Or, en décryptant le monde chinois au moyen d’outils forgés en Europe
ou aux États-Unis, les observateurs japonais ont limité leur compréhension du
Japon moderne, comme le montre Adachi Keiji dans un ouvrage récent, « Études
historiques de l’État despotique »
4
, qui analyse la formation du discours et des repré-
sentations japonais sur la Chine depuis Meiji : « Les recherches chinoises au Japon
ont longtemps porté la marque des théories sur l’Asie et le despotisme formalisées
[en Europe] à partir du milieu du XIX
e
siècle », confortant ainsi une vision norma-
tive. Le politiste et historien de l’Université de Tôkyô Watanabe Hiroshi souligne
le même phénomène dans « Autorité et pensée d’Asie orientale »
5
, en pointant les
insuffisances de catégories élaborées à la fois par l’État de Meiji et par l’Occident.
Pour lui, l’histoire des idées au Japon a péché doublement en faisant l’impasse sur
la Chine et la Corée et en négligeant les approches comparatistes.
Le Japon par lui-même
2. Réapprendre
la Chine
par Yves Bougon
Le premier article de cette série,
dans laquelle Yves Bougon et
Karoline Postel-Vinay abordent
les débats qui renouvellent
depuis quelques années la vision
des Japonais sur leur propre
société, a paru dans le n° 1 de
Critique internationale
(automne 1998).
l
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