La condamnation de Napster, le désormais célèbre logiciel de diffusion de musique en ligne, en 2001, par un tribunal américain qui, sanction suprême au pays de la libre entreprise, oblige le site à fermer, provoque l’émoi de millions de consommateurs. Perçue comme une injustice, cette sanction représente pourtant surtout une stricte application du droit, et plus particulièrement du respect du droit d’auteur dans le domaine du numérique. De la mort de Napster aux récents procès impliquant des associations de consommateurs contre les représentants des ayants droits, à propos des protections anticopies des CD, la période récente semble marquer un retour en force du règne du droit d’auteur sur le terrain autrefois libertaire du numérique.
Le droit d’auteur a pour vocation principale, en assurant la protection de l’oeuvre, de favoriser la production culturelle. Il correspond à l’un des piliers de la civilisation occidentale et de son organisation socio-économique : la propriété, en opérant une extension de celle-ci dans le domaine de l’immatériel, de la création culturelle et artistique. Cette finalité correspond à la
fonction rémunératoire, assurée par le biais de l’aspect patrimonial du droit d’auteur. Pourtant, celui-ci contient également une autre dimension, toute aussi fondamentale, qui
prend pour finalité la protection. Celle-ci vise essentiellement à garantir l’intégrité de l’oeuvre, à savoir que celle-ci ne sera pas violée ou dénaturée par ceux qui y ont accès. Cette protection
de l’oeuvre traduit également une certaine perception de l’auteur et de son statut au sein du corps social, par le biais des prérogatives qui lui sont octroyées. Ainsi, comme tout système
juridique, la législation sur le droit d’auteur est révélatrice des valeurs reconnues et protégées au sein d’une société.Par ailleurs, et en contrepartie, l’utilité sociale de l’oeuvre consiste en sa diffusion auprès du plus large public. L’accès à la culture semble même intuitivement correspondre à une extension des droits et libertés démocratiques. Aussi s’agit-il de percevoir la législation sur le droit d’auteur comme un véritable point d’équilibre entre des intérêts divergents : ceux des auteurs d’un côté et ceux du public de l’autre.
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