Le Guide musical, année 44, 1898Marcel RemyLa Cinquième symphonie de BrucknerLa Cinquième symphonie de Bruckner - BerlinCORRESPONDANCE - BERLINPar suite d’une courte absence, j’ai dû manquer un récital de Risler, une séance duquatuor Halir, où l’on a entendu une œuvre inédite de Weingartner, et encored’autres choses intéressantes. Mais j’ai pu rentrer à temps pour le second concertNikisch, où l’on donnait, pour la première fois à Berlin, la C i n q u i è m e S y m p h o n i ede Bruckner. Elle est presque inconnue. Il y a quatre ans, Schalk l’a fait jouer àGratz, et Löwe à Budapest. On ne connaît guère d’autre exécution de cette œuvre,qui est encore plus difficile et compliqué que la S e p t i è m e S y m p h o n i e du mêmemaître, que Dupuis fut seul, je crois, à monter en pays latin. Dans sa C i n q u i è m eS y m p h o n i e, Bruckner n’emploie l’orchestre bayreuthien qu’au f i n a l e. A ce moment,l’effet est irrésistible.L’œuvre est très longue et d’une surcharge contrapuntique à dérouter les plusattentifs. L’exposition de la première partie prend un certain temps, par la variété etle nombre des thèmes, qui sont ensuite travaillés avec un art inouï. Tout de suite onreconnaît le f a i r e, la griffe nerveuse du vieux maître. Un thème choral des cuivresbref et scandé, une phrase qui n’est que la décomposition de l’accord parfait et serevêt d’une noblesse simple, puis des dessins obstinés, obsédants. Puisl’enchevêtrement se poursuit sans relâche, ...
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