3
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Français
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2013
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe Tout savoir sur nos offres
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TangoSwingetBretelles
Killtheyoung
Ilssontdéterminés,authentiques,jeunesetrock'n'roll!LafratrieGorman,néeà
Manchester,abiengrandi.Lapopdeleursrefrainsetlerockdescoupletssontservispar
uneénergieprimaireetdesmélodiesnerveuses.LetoutestsoumisàTometàsavoix
nasillardeetéraillée.UngénériquedePlacebo?Non,c'estunemoléculetripartiteoriginale.
Tandisquelechanteurauxalluresperchéescoloresontimbred'uneprofondeur
mélancolique,lepetitdernier,batteuràl'étatbrut,sedéchaînesursescaisses.Quantau
bassiste,ilincarnelarigueurdugroupe,seslignesdebassescaléesaupoil.D'ailleurs
l'ancientrioestdevenuquatuordésormaisetsingularisel'ensemble,unpeuclassique,avec
unchevelualternantguitareetsynthé.Cequimarche,cesontcespetitsriffsquimartèlent
lecrâne,maisaussicettemontéeenpuissancequiemmènelegroupejusqu'aumorceau
final,oùTommontesurlagrossecaissedesonfrèrepours'yjeter!Pourquoilatuercette
jeunesse,quandelleafficheunepêchepareille?
Archimède
C’esttoujoursenfamillequel’onretrouvelespetitsnouveauxdelascènedurockfrançais,
etilsfontl’unanimité.LesdeuxfranginsproduitsparPyrprod(maisondeproduction
dijonnaise),sontàl’originedecegroupepleindepotentielmaisquidemandeàêtrematuré.
LejeunechanteurnousoffreunevoixtrèsprochedecelledeJean-LouisAubertetunlook
empruntéàAngusYoung.Savoureuxmélangepourrait-onpenser.Maislepetitendiablé
bourréd’énergie,qu’ilenvoievolontiersaupublic,peineàfairebougersongroupe,effacé
enarrièreplan.Ilfautdirequ’ilsnesontpasvraimentaidésparlesbalancesquimisenttout
surlabatterieetlabassetropfortesetétouffentlesondesdeuxguitares.Ledeuxième
guitaristetentebiend’introduireunsolotouteslesquatrechansonsmaisrienn’yfait,ça
demeuregnan-gnan.D’autantquelesmélodiesdéjàtrèspopsserventdestextesauxjeuxde
motscraignos.Pourneciterquequelquestitres,Nicolasentonnedesparolescomme«Fear
Facteur»et«ByeByeBailleur».Etneparlonspasdes«Nanana»etdes«Tututu»qui
sontleursexpressionsfavorites.Archimède,quiempruntebeaucoupàTéléphone,a
tellementréchauffécettemusiquequ’elleenvientàperdresasaveur.Maispourleur
défense,lessonsdusynthémêlésàlaguitareacoustiquesonnentpasmal.Onnepeutpas
nonplusenleveraujeunechanteursamotivationàchaufferlesadosetlesquadrasqui
connaissentlesparolesparcœur.Pourtant,leurmusiqueestassezlisseenréalité.Sauf
quandilsreprennentHygiaphone.Etoui,sitoutefoisquelqu’unn’avaitpascompris
l’analogie,mieuxvautl’expliciter.Etc’estlà,quandçaneleurappartientplus,qu’ils
donnentleplus.Legroupeseréveille,lefranginattaqueuntrèsbonsoloetArchimèdese
révèle.Bref,onauraitenviedelessoutenir.Alors,bienquemoyennementconvaincue,
déplacezvouspourenjugerparvous-même.
ThomasDutronc
Certainsenparlaientcommeunchanteurdevariétéquiavaitabandonnésaguitare.D’autresracontaient,qu’aucontraire,illagrattaitencoreplusqu’avant.Cesoirdevantla
scène,c’étaitàmoidetrancher.Aprèsdelonguesminutesd’attentesousunchapiteau
glacial,patientantungobeletdecaféinfâmeàlamain,lefilsprodigearriveenfin.Une
meutededemoiselleshurlepourl’accueillir,charméesparledandyparisien.Maisoùest
passéesamanouche?!Pourlepremiermorceau,auxrendusunpeu«soupe»,Dutronc
Juniorsecontentedumicroetdetextesmalgrétoutsubtilsetamusants.«ChapeauPointu.
Turlututu»dit-il,commedanssondernieralbum.Lesmusicienssontbons,le
toutfonctionnesansaccrocmaisonattendsagriffe.Etquandvoilàlabêteduviolonqui
entameunmorceaudetangotzigane,lasalledécolle.LamélancolieswinguantedeDutronc
estderetour.LessolosàlaRomaneentraînenttoutl’orchestrequiselaissevolontiers
guiderparcesaccordsdiminués.Pourfairesimple,ilyacommeunesortedebrassage
entretubesradiosetmorceauxtrèsmusicauxettravaillés.Pourtantdansunstyleplus
électroswing,lenouveauDutroncprivilégielarythmiquemarquée,sanspourautant
délaisserseshabituellesenvoléesmélodiques.Lessessionsinstrumentalessonttoujours
virevoltantesetnemanquentpasdenousfairedécocherdepetitspasdedanse.D’ailleurs,
uncoupleprèsdemoidanselebalboa,unswingdesannéescinquante,commedanslesbals
del’Ouestaméricain.
Pourleshow,lesmusicosfontleszouaves,lesguignols,poursatisfaireunpublicapathique,
carilfautlespousseràMontceau!MaisquandPierreBlanchardattaquesescordesde
violonàlamainetqueJérômeCiosi(guitaristeetamidelonguedatedeDutronc)enfileun
casquedeviking,çaenjette!Alorsoui,lestempsontchangédepuisquatreans:unpeu
moinsdeReinhardtmaistoujoursautantdeswingsurunfondtrèsrock.Etquandilsaisit
saguitarepourenchatouillerlemanchesurLesYeuxnoirs,Dutroncestassezgénial.
Le«titiparisien»désabuséestenformeetclôtlesbecsdesmédisants.
Mustang
Cegroupeclermontois,encompagniedeLaMarquise(leurvieuxsynthé),étonne.Le
crooneràlagominaetauxmocassinsvernisempruntelesgravesàElvisetlespousséesà
MikeBrant.Lesmorceauxsontmûrs,tantôtrockab’,tantôtélectro,maistoujoursunpeu
nostalgiquesd’uneépoquerévolue.Parfoispresquekitsch,onaccrochepourtant.Lesonest
excellent,lesmusiciensvivantsetlepetitdéhanchédubassistetrèsamusant.Dommageque
pourlelancementdelasoirée,legroupeneparviennepasàemmenerunpublicquireste
sceptique.Entouscas,cesmessieursdégagentuneattitudehumbletoutenalternantavec
succèslesinfluencesdurock’n’rollfrançais,delachansonàtexteàlaDutroncpèreetde
mélodiespoétiques.Ilssontélégantsetculottés,cesjeunots,surtoutlorsqu’ilsreprennent
«Jem’suisfaittoutpetit»deBrassens.Unerythmiquebienmenée,unjeucarré,desbreaks
glissésaubonmoment,j’enredemande.Dusonold-schoolmoderne,çasetrouve?Chez
Mustang,oui!
GrandSophie
PriméeauxVictoiresdelamusique,onpeuts’attendreàunenanabluffante.Erreur.Mais
pourtant,fautbienquequelqu’uns’ycolle.Unevoixordinairesurdesmélodiesdevariétés,
jenesaispasquiçatransportemaiscertainementpasmoi.Ahsi,lespercussursaguitare
donnaientleurpetiteffetmaisdommagequelorsquelaGrandeSophielèvelesbraspour
danser,lestapotementsnecessentpas.Pourrésumer,j’aieul’impressiond’écouterlavoixd’IsabelleBoulaysurdel’anti-rock.C’estamusantdevoircommel’écrituredeZazieneva
pasàtoutlemonde.OuquelavoixdeParadis,prêtéeàuneautredame,nemijotequ’un
bouillontiédasse.Surscène,ongesticule,onessayedepallierlemanqued’énergiemusicale.
Lesmorceaux,enstudioouenlive,sontdupareilaumême,dugenreàêtrediffuséssur
RadioIntermarché(si,si,jevousassure,sestubesypassent).Maislachoselaplus
étonnante,cen’estpaslaplatitudedesamusiquemaisplutôtlenombredepersonnesque
celaréjouit.Désarmée,j’entendsalorsplusd’applaudissementspourlaGrandeSophieque
pourMustang.Etcettepatatechaudequ’ellegardedanslemuseaupourchanter,çane
m’aideenrienàsupportercequ’ellefait.Soudain,commesiMontceauvoulaitmeredonner
lesourire,j’entendsunejeunefemmeconfieràsoncompagnonqu’ilenfallait«du
Courage»pourresterjusqu’aubout.
Voilàquinousmettaitd’accord.Maisn’enlevonspasaugroupeleursjoliessessions
musicalesteintéesdefolkaméricaineetd’influencesafricaines.
Enfin,aprèscinqfeintesdedépartannoncéavecunevoixpleinedesouffleetdemanièresà
laFannyArdant,ellecèdesaplaceetjepeuxsouffleràmontour.
Thiéfaine
Commentcritiquerl’incritiquable?Iln’estpasintouchable,non,maisThiéfaine,çafascine
ouçaagace.Etmetrouvantdanslapremièrecatégorie,j’appréhendececoncertavecun
avisdéjàbienorienté.Maistentonsd’arborerunecertaineobjectivité.Malgrédesmusiciens
quichangentd’unetournéeàl’autre,sondernieralbumestsublimésurscène.Moins
rythmés,lesmorceauxsontportéspardesmélodiesensorcelantes.Cevieuxbonhomme
afficheencoreettoujourssapetitemoued’hommeénervéoudefoupossédé.Ilvitses
textescomplètementbarrésmaispoétiquesetmélancoliques.Baudelairesedéclarait«faire
del’oravecdelaboue».C’estunpeulàdedansquesesitueThiéfaine,enenrobantla
laideurd’unefinecouchedecristal.C’estunpersonnageàlaclassedésinvolte,àquil’on
donnefacilementnotresympathie.Comme«desdinguesetdespaumés»àl’écoutedece
sonsiparticulier,legroupedefans,dontjefaispartie,enredemande.Enarpège,enpicking
ouenversionska,toutesseschansonsflanquentunebonnetorgnoleaupublicmollasson
desderniersrangs.PlusriendenoussurprenddelapartdeThiéfaine,pasmêmeledoigt
d’honneurqu’