Les Bonnes FemmesJohann Wolfgang von GoetheTraduit par J. PorchatLESBONNES FEMMES(1800)Henriette s’était déjà promenée quelque temps avec Armidore, dans le jardin où leclub d’été avait coutume de se rassembler. Ils arrivaient souvent les premiers. Ilsavaient l’un pour l’autre une affection que ne troublait aucun nuage, et ilsnourrissaient, dans une honnête et pure intimité, l’agréable espérance d’uneprochaine et indissoluble union.La vive Henriette aperçut à peine Amélie, qui s’avançait de loin vers le pavillon,qu’elle courut saluer son amie. Amélie venait de s’asseoir dans le salon d’entrée,devant la table sur laquelle se trouvaient étalés des journaux, des gazettes etd’autres nouveautés.C’est là qu’Amélie passait maintes soirées à lire, sans se laisser distraire par lesallées et les venues des personnes de la société, par le claquement des fiches et laconversation toujours bruyante des joueurs. Elle parlait peu, si ce n’est pouropposer son opinion à une autre. Henriette, au contraire, était fort libérale de sesparoles, contente de tout, et toujours en humeur d’approuver.Un ami de l’éditeur, que nous appellerons Sinclair, s’approcha de ces dames. « Que dites-vous de nouveau ? lui demanda Henriette à son approche.— Vous aurez de la peine à le deviner, répondit Sinclair en tirant son portefeuille.Et, quand même je vous dirais que j’apporte ici les gravures pour l’Almanach desDames de cette année, vous ne devineriez pas encore les sujets ; oui, ...
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