Ne pas désespérer de la politique

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Ne pas désespérer de la politique
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e qu’il y a peut-être de plus stimulant
dans l’oeuvre de Myriam Revault d’Allonnes,
c’est la manière intrépide, combative et
tonique dont elle s’attaque, munie à la fois
d’une impressionnante culture philosophique
et d’un sens aigu des réalités politiques, aux
défis posés par l’expérience historique et les
modes intellectuelles de notre temps. Péguy appelait Descartes « ce cavalier fran-
çais qui partit d’un si bon pas ». Il y a de cela dans la manière dont elle fait face,
successivement, à l’insondable horreur de la Shoah et du Goulag – à ce que
l’homme fait à l’homme
1
– et au constat quasi unanime de dépérissement de la poli-
tique qui accompagne (parfois sur le mode de la satisfaction, plus souvent sur celui
de l’indignation, et plus souvent encore sur celui de la déploration résignée) le déclin
des idéologies révolutionnaires et la protestation d’impuissance des gouverne-
ments devant les contraintes économiques et techniques.
Dans les deux cas, la démarche de l’auteur consiste à chercher ce qui, dans la tra-
dition philosophique, permet de comprendre, ou du moins de mettre en perspec-
tive les phénomènes apparemment inédits, aussi monstrueux soient–ils. Elle suit
ainsi la voie tracée par Hannah Arendt (dont elle est l’une des meilleures interprètes)
et, dans une certaine mesure, par Paul Ricoeur, Claude Lefort ou Cornélius
Castoriadis. Elle s’inscrit également dans un mouvement de renaissance de la
philosophie politique dont témoignent le
Dictionnaire de philosophie politique
de
Philippe Raynaud et Stéphane Rials
2
, l’
Histoire de la philosophie politique
dirigée
par Alain Renault
3
ou les recherches de Pierre Manent et de Marcel Gauchet.
Mais ce qui rend son approche originale et particulièrement précieuse dans les
circonstances actuelles, c’est qu’elle ne désespère ni de la philosophie classique
(comme est tentée de le faire Hannah Arendt dénonçant le refus de la politique chez
les philosophes grecs) ni de la politique moderne (comme Castoriadis s’inquiétant
de « la montée de l’insignifiance »
4
). Grâce à sa volonté obstinée de tenir les deux
bouts de la chaîne, elle contribue à cette tâche de réarticulation de la philosophie
et de la politique, d’autant plus nécessaire que l’une et l’autre sont réduites à la por-
tion congrue par l’affrontement de l’économie globalisée et des cultures identitaires.
c
Ne pas désespérer
de la politique
par Pierre Hassner
MYRIAM REVAULT D’ALLONNES
Le dépérissement de la politique.
Généalogie d’un lieu commun
Paris, Alto Aubier, 1999, 318 pages.
Le cours de la recherche
Lectures
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