Journal LIBERATION du jeudi 19 juillet 2012.pdf
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O•1,50EURO.PREMIÈREÉDITIONN 9700 JEUDI19JUILLET2012 WWW.LIBERATION.FR Unattentat-suicide adécapité,hierà Damas,l’appareil sécuritairedu régimedeAl-Assad quinecontrôleplus lacapitale. PAGES25 Syrie LEPOUVOIR FRAPPÉAUCŒUR BoualemCAHIERPSA: SansalleduelVarin- s’expliqueMontebourg L’écrivainalgérien,privéduRadioFrance,BabelRevuedesstratégiesduprésident Prixdesambassadeursarabes duconstructeuretduministre pours’êtrerenduenIsraël,numériquedudisque quiafaitdeslicenciementsà racontel’épilogueheureux SÉRIES,BD,CHRONIQUES,QUIZ...Aulnayletestdesonpouvoir. desonhistoire.CAHIERCENTRAL PAGES1617 INTERVIEW,PAGES2829 IMPRIMÉ EN FRANCE / PRINTED IN FRANCE Allemagne 2,20 €, Andorre 1,50 €, Autriche 2,80 €, Belgique 1,60 €, Canada 4,50 $, Danemark 26 Kr, DOM 2,30 €, Espagne 2,20 €, EtatsUnis 5 $, Finlande 2,60 €, GrandeBretagne 1,70 £, Grèce 2,60 €, Irlande 2,35 €, Israël 19 ILS, Italie 2,20 €, Luxembourg 1,60 €, Maroc 16 Dh, Norvège 26 Kr, PaysBas 2,20 €, Portugal (cont.) 2,30 €, Slovénie 2,60 €, Suède 23 Kr, Suisse 3 FS, TOM 410 CFP, Tunisie 2,20 DT, Zone CFA 1 900 CFA. AP RAPHAËLDAUTIGNYLIBÉRATIONJEUDI19JUILLET2012•2 EVENEMENT ÉDITORIAL Unattentat-suicidelorsd’uneréuniondedignitaires, ParFRANÇOISSERGENT hier,atuédeuxministres,dontlebeau-frèredu Symbole président,chargédelarépressioncontrelarébellion. Leviolentattentatde Damasmarqueun tournant.Bacharal-Assad entendaitvaincrelarévolte desonpeupleparlaforce.
Voir
•1,50 EURO. PREMIÈRE ÉDITION NO9700 JEUDI WWW.LIBERATION.FR 19 JUILLET 2012 Un attentat-suicide a décapité, hier à Damas, l’appareil sécuritaire du régime de Al-Assad qui ne contrôle plus lacapitale. PAGES 2-5 Syrie LEPOUVOIR FRAPPÉAUCŒUR PSA:CAHIERBoualem Sansal lMeodnuteelbVoarin-euexs’iqpl urgL’écrivain algérien, privé du Revue des stratégies du présidentRadio France, BabelPrix des ambassadeurs arabes qduucofnsittrduecsteliucreentcideummeinntsisàtrenumSÉRéIErSiBqD,uCeHROdNIuQUdESi,sQUqIZu...epour s’être rendu en Israël, i a a raconte l’épilogue heureux Aulnay le test de son pouvoir.,NTRALERCECAHIde son histoire. PAGES 16-17 INTERVIEW, PAGES 28-29 IMPRIMÉ EN FRANCE / PRINTED IN FRANCEAllemagne2,20 €, Andorre1,50 €, Autriche2,80 €, Belgique1,60 €, Canada4,50 $, Danemark26 Kr,DOM2,30 €, Espagne2,20 €, Etats-Unis5 $, Finlande2,60 €, Grande-Bretagne1,70 £,Grèce2,60 €, Irlande2,35 €, Israël19 ILS, Italie2,20 €, Luxembourg1,60 €, Maroc16 Dh, Norvège26 Kr, Pays-Bas2,20 €, Portugal (cont.)2,30 €, Slovénie2,60 €, Suède23 Kr, Suisse3 FS, TOM410 CFP, Tunisie2,20 DT, Zone CFA1 900 CFA.
2•EVENEMENT
LIBÉRATIONJEUDI
19LETJUIL2012
ÉPaDrIFTRAONRÇIOAILS SERGENTUn attentat-suicide lors d’une réunion de dignitaires, hier, a tué deux ministres, dont le beau-frère du Symboleprésident, chargé de la répression contre la rébellion. tLdeLDoaeneautrsvreméoinnpoanadlsrenepaistnmet.stuaivBaropaatqlnitecuneehepcnnaarturearSntalyllaadr-ifreeAoésrvascoéaelt.tdéegiréles,meamaDA particulièrement féroce, lvenvseién’oscécfutapouilnaparmiitrpetesgoé,nsnstepaadtranneeidttsnemspsf.siioaèStrsmreeceliireelszrisseocdremisesoeqirusiss-AAlnaecdahclle plus tard, après peut-être 20 000 morts, avec des dizaines de milliers de Syriens emprisonnés etParJEAN-PIERRE PERRINprésident syrien avait longtemps dirigé à Damas. Pour l’Observatoire sy- tiques sauvagement torturés,LEITNESSE’LEnvoyé spécial au Liban rienl’appareil sécuritaire et repris du ser- des droits de l’homme,«la mort avec des quartiers entiersvice il y a plusieurs mois après une pé-d’Assef Chawkat est un coup sévère pour édLc’cauarptartiséteaégnlsitema,dteecaobeusnottcmrpœebelureesdr,cudle.eenltparaeridsULéénEaacucCttirpOetinatNértiTeatl’aEdspXepuTrlaaciEediaielC’uplelecotielreprtlpulsusetsecsdoiemizseennessuatse’C.tilfnol’inéparportibleirnernoysceitusrrKoieAdllMeeImKdAeeZntdEi.Joenanrd.ieta’Ltnetéatagalementmor-belsslégenéssHaaléranéesspacerâsgelovléerm»inroeriôtuerlpelfsprarégirmeoesc.drsyAaierpnnérsgèlucsaelrislè’rioaeplvséaèpsrnsoaeiuutmnomresiaéntcrtlmeades’trneAoéluel-ast dic rienne il avait été l’homme-clé du sys- et blessé le ministre de l’Inté- Assad,audacieux, le mieux préparé, le plus Turkméni mmêonmteredequlaerléapjruenstseieosnt,auximintsereasuttnedxu,ttaturesyinattendu puisqu’il frappe en plein Mohammed Ibrahim al-Chaar, le rieur, sécuritaire et l’un des interlocu- tème abois. Les chefs de l’armée,un militaire de haut de la Sécurité nationale et l’un des teurs privilégiés de Claude Guéant,cœur un pouvoir qui s’est construit, chef ran et blessant ministre de l’Intérieur. Mais ses alors de la répression, Hi- personnages-clésavec sa dizaine de services secrets, sur flsreeèsrrrveeicsdepusoPsnresécasribeldteess,nltdeeosbnetaéut-éosrucifflpeisulsie.gune obsession : la sécurité à n’importe hautes fonctions ne l’avaient pas pro- cham Ikhtiar, ainsi qu’un nombre non quel prix. L’attentat visait une réunion précisé de hauts responsables du ré- tégé des monstrueuses colères de Ma-visés. Quant à la capitale,L’ENJEUfrère cadet de Bachar, qui lui re- L’Armée syrienne libre (ASL) et gime. le her,de plusieurs hauts responsables de ce même système sécuritaire dans le bâti- un groupe islamiste, Liwa al-Islam (les prochait d’avoir épousé sa sœur, supposée sécurisée etCette attaque au cœur En 1998, Maher, alors chef dement ultraprotégé de la Sécurité natio- Brigades de l’islam) ont revendiqué Bouchra. écelpolaemregbsnattésae.ujpLoaeursrlsday’rhméubbieozllloeinsoen,denemessilbiaffanutedntrelemopitalacadans le quartier de Rawda, au cen- l’attentatnale, Garde présidentielle, avait vidé son qui survient alors que les la du pouvoir et pourrait pistolet entre la guérilla et l’armée combatstre de Damas. Si la mort de Daoud sur Assef Chawkat, qui avait Rajha, le ministre de la Défense, simple continuent à Damas, pour la quatrième survécu à ses blessures après avoir été Aumsnêistmaédesscehdnaucnoprcoeeulllvoeyoniatrl.edLs’eAsl-l-raannoncerlafidnrugémideBecaahfigurant nommé à ce poste pour s’assu- journée consécutive. soigné au Val-de-Grâce, à Paris. peinent à contrôler leAssad. Certainesrer de la fidélité de la communauté questions se posent cepen-chrétienne, est sans grande consé- dant : pourquoi le régime syrien, tou-«VOLCAN».L’attentat est survenu alors territoire syrien, lesquence, il en va tout autrement de celle que l’armée, en particulier la 4 jours prompt à convoquer les médiaseDivi-défections se multiplient. pour rendre compte d’une officielsdu général Assef Chawkat. Le vice-mi- blindée commandée par le même sion La guerre n’est pas pournistre de la Défense et beau-frère du«attaque terroriste», n’a-t-il pas fait Maher al-Assad, peine à reprendre le autant gagnée. Le pouvoirdiffuser des images de l’explosion qu’il contrôle de plusieurs faubourgs, no-blessé n’hésitera pas àa pourtant rapidement annoncée. Et à Midane, la localité la plus tamment frapper encore pluspuis, selon la télévision d’Etat, l’atten- du centre-ville, où les combats proche durement ses opposants.tat a été commis par un kamikaze, qui sont poursuivis hier. Cette offensive, se Des informationspourrait être le garde du corps d’un des «Volcan de Damas et séismes baptisée insistantes font ainsi étatparticipants à la réunion, ce qui ne de Syrie» semble loin d’être en mesure de l’usage d’armesmanque pas d’intriguer étant donné d’atteindre le but annoncé : la prise de chimiques. Surtout, capitale. Les insurgés ne disposent en lal’ampleur des contrôles dans le com-l’âpreté des combats que d’armes légères face aux effetplexe de la Sécurité nationale. consacre la suprématie de hommes de Maher. L’attaque40 000 la branche militaire deMERCURE. plusieurs points autour de Da- contreC’est la seconde opération l’opposition. Les haines et l’incendie de casernes proches masd’envergure menée contre le cœur de entretenues entre du palais présidentiel n’en représententl’appareil sécuritaire. En mai, le minis-communautés et ce climatde la Défense et celui de l’Intérieur pas moins un coup dur pour le pouvoirtre de guerre civile laissent prétendait jusqu’alors avoir la maî- quiainsi que le général Hicham Ikhtiar mal augurer de la Syrie complète du terrain. L’attentat en triseavaient été victimes d’une tentative après Bachar al-Assad, un second, pas moins terrible, puis-d’empoisonnement. Un employé de li- est celui qui aura tout fait pour témoigne auprès de la population,vraison à domicile avait versé du mer- qu’il détruire son pays et soncure dans leur repas avant de s’enfuir et pour la première fois, de la vulnéra-peuple.en Turquie, selon des sources diploma- bilité des caciques du régime.• L’armée syrienne libre(ALS) a été Rfondée par d’anciens déserteurs de EPÈRESDestinée, à l’origine, à protéger les17000 l’armée syrienne le 29 juillet 2011. manifestants et les civils, l’ALS s’estC’est, au minimun, le nombre de peu à peu muée en force révolu-victimes,en majorité civiles, tionnaire et en principale compo- répertoriées par l’Observatoire syrien sante de l’opposition au régime de des droits de l’homme depuis le Bachar al-Assad. 15 mars 2011
LIBÉRATIONJEUDI19UJLIELT2012
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Des membres de l’Armée syrienne libre à Al-Midane, hier.MIDANREVOLUTION YOUTUBE
A Damas, hier, la télé a montré des soldats de l’armée régulière dans le quartier d’Al-Midane. PHOTO AFP Près de Damas hier, lors des funérailles d’une victime des forces de sécurité.PHOTO REUTERS Constituée à l’origine de déserteurs, l’Armée syrienne libre apparaît de mieux en mieux organisée. L’ASL,unearméeprêteàprendrelepouvoir Ar yrienne l gime de Bachar al-Assad. La popu- face aux attaques des troupes et des nisée et équipée et contrôlant de début juillet au Caire. Réunion qua-L’esmésaemtneibier’npaunstlsaoénsosfo-rnoaunpnonçgae«ivnsfedeanlcVobatnensiaèmraeDdel’ASLmée syrienne libre !»le slogan qui pose comme le sauveur de la révo-tion»par l’ASL qui a refusé d’y par-larité des hommes en armes re- milices du régime.«Dieu salue l’Ar- lifiéeen plus de territoire, l’ASL seplus de«complot contre la révolu-séismes de Syrie». En initiant une n’a cessé de croître parmi les Sy- lution et l’acteur ticiper. Ce signal clair des militaires ceisecuasleadqeu’qauviesnetmurbeluaiste,aluassiauda-rienssouslefeuoudansl’angoisse.« Nos troupes sont prêtes tout autourmaurjeladeu-noenpleineasceni’uqnoistnosenslissdpaéiobsàséopilarxuseituq rébellion armée est mon-ANALYSEDésespérée depuis desde Damas et n’attendent qu’unllevnode.endpeoslérationéaividtésuaccé’une téemoisparl’impuissancedesignal pour investir la capitale.»Défi.«Qui peutopérations sur le terrain pour blo-en puissance et a accé- la communauté interna-c o n te s te r ’ A S L l léré ces dernières semaines. L’assu- tionale – ONU, Ligue arabe et paysL’ex-colonel Saadeddineporte-parole de l’ASLaujourd’hui ?»écrit quer toute négociation internatio-rance militaire de l’ASL est à la voisins ou amis confondus – Rima Fleihan, une nale sur la transition. L’ASL s’est mesure de son arrogance politique comme par les oppositions politi- divisait les manifestants il y a quel- jeune figure montante de la protes- déchaînée contre le plan Annan et depuis qu’elle est devenue le seul et ques en exil ou de l’intérieur, la po- ques semaines encore, est scandé tation et principale organisatrice de«le complot de Genève».«Nous ne dernier espoir de tous ceux qui pulation s’en est remise à ceux qui ou murmuré par une majorité de la conférence qui a regroupé les dif-vous demandons que de lâcher quel-œuvrent au renversement du ré- défendent ses villes et ses quartiers Syriens. De mieux en mieux orga- férentes formations de l’oppositionques bombes sur leSuite page 4 CHRONOLOGIE condamnation de la milliers 31, 100 morts à Hama. une quelques jours après de détenus. tion, Le(nord-ouest) et Deraa (sud) où 100 personnes sontw2 octobreLancement du répression.w6 juillet celleA Paris, une cen- du général Tlass. w15-16 mars 2011 national syrien ConseilA Damas, tuées le 23.w12 avrilEntrée en vigueur de pays affirment tainew14 juillet109 morts dans rassemblements pourw18 avril (CNS) fédérant lesDamas dénonce cessez-le-feu du plan du doit qu’Assad«quitter leun massacre à Treimsa exiger la fin des tribunaux une«rébellion armée de Annan, ignoré depuis.courants de l’opposition.pouvoir»et demandent à (centre). d’exception et de l’étatgroupes salafistes».w4 février 2012Débutw3 juilletL’ONG Human une résolution l’ONUw17 juilletLes rebelles d’urgence.w15 juillet d’une offensive à Homs,Plus d’un million contraignante. disent Rights Watch dénonce avoir lancé la w18-27 mars plus manifestants à HamaManifestations de de 230 morts. A un«archipel de la torture»,w11 juilletL’ambassadeur bataille de «libération» de réprimées à Damas, Banias (centre) et Deir Ezzor (est). l’ONU, 2e Damas. des dizaines de avec à Bagdad fait défec- syrienveto sino-russe à
4•EVENEMENT Suite de la page 3palais présiden-tiel et nous nous chargeons du reste» a lancé un de ses porte-parole à l’adresse de la communauté inter-nationale. Cette attitude de défi re-flète le renversement du rapport de forces qui se préparait ces derniers jours notamment à travers des dé-fections de plus en plus significa-tives de haut gradés de l’armée. La formation, lundi, en Turquie, d’un «commandement militaire com-mun de la révolution syrienne» re-groupant tous les groupes armés, a surpris. Dirigée par le général sun-nite Adnan Selo, responsable de l’armement chimique, qui venait de faire défection, cette nouvelle instance comprend 18 généraux dont Mustapha al-Cheikh, premier général déserteur, réfugié en Tur-quie depuis un an. L’annonce de cette formation a été saluée par«le commandement commun de l’Armée syrienne libre à l’intérieur»qui pourtant insistait jusque-là sur le fait qu’il n’y avait pas «de direction de l’armée en dehors de la Syrie»et qu’aucune source n’est autorisée à parler au nom de l’ASL à l’exté-rieur»,selon les mots de Qassem Saadeddine, porte-parole de l’ASL à l’intérieur. Le ton de ce colonel, déserteur depuis février près de Homs, joint via Skype, était plus qu’assuré.« Nos troupes sont prêtes tout autour de Damas et n’attendent qu’un signal pour investir la capi-tale», a-t-il déclaré mercredi, juste avant l’attentat qui a décapité en partie l’appareil répressif du ré-gime. Le rythme avec lequel s’est organisée ces derniers jours une ar-mée rebelle encore récemment dé-crite comme des groupes désorga-nisés et sous-équipés, laisse prévoir que ce nouveau commandement militaire aura la haute main sur la transition en Syrie. Aussitôt après sa formation, lundi, il a adressé un appel aux pays soutenant financiè-rement la révolution de ne plus en-voyer leur aide directement aux groupes sur le terrain mais de pas-ser par lui. Aura populaire.Cette nouvelle di-rection de l’ASL se présente comme l’interlocuteur des soutiens arabes et internationaux de la révolution. Mais ce n’est peut-être que le début de sa conquête du pouvoir.«Si la chute effective du régime d’Al-Assad se concrétise dans les prochains jours, l’ASL aura réalisé le miracle auquel personne ne croyait il y a encore quel-ques semaines,affirme un vieil op-posant syrien à Damas qui veut gar-der l’anonymat.«Je ne peux pas critiquer aujourd’hui ni émettre la moindre réserve à l’égard de ceux qui sont perçus par tous comme les libé-rateurs, même si j’appréhende ce que feront ces nouveaux militaires de leur victoire.»L’aura populaire de l’ASL imposerait-elle déjà sa censure sur une parole pas encore libérée de plus de quarante ans de dictature baassiste? Un autre révolutionnaire damascène constate :«Il faudra en-core attendre quelques jours que le ta-bleau s’éclaircisse à Damas pour sa-voir qui est véritablement cette Armée syrienne libre dont tous ces hommes différents dans les rues se réclament.» HALA KODMANI
LIBÉRATIONJEUDI19JIULLTE2012
Il a 26 ans et se cache depuis peu au Liban. Avec la répression, Fadi est devenu tueur. Sa mission: supprimer des dignitaires et les chefs des miliciens. Fadi,delarévolte auxmeurtres desang-froid st un assassin d’assassins, un tueur C’dnesuieoianimsss.Saueurdete-’lpoopisosantedepalecomprpalicni(erb,LSAenrilinerm’AsyéelmDu’ailianulntreésaicqetuiestmsttdae’ésjesmtàsaràcoarlnté’ttebaaa»rcg,estnednscepaysiadevienlA’.-làieéhali,tLSdk.ac«tribSéaienr[ponuh,naie-l l tion armée) est d’assassiner ceux qui, au seinlange, ndlr]de El-Bara Omar, qui comprend du régime de Bachar al-Assad, sont chargés de 112 combattants. Sa mission : attaquer les ses plus basses œuvres (exécutions, tortures, postes de contrôle de l’armée. Lakatibaest arrestations…), en particulier les chefs des tris- divisée en trois groupes, chacun dirigé par un tement célèbreschabihha, ex-officier de l’armée, lui-même sous les or-des voyous transfor-més en miliciens. Mais il a tiré aussi sur des mé- dres d’un autre officier demeuré en Turquie. decins alaouites, qui avaient éliminé des blessés«A cette époque, la zone libérée va d’Idlib à Lat-que l’opposition leur avaient confiés. Pourtant,taquié. L’armée syrienne cherche à la reprendre. à la différence des tueurs du régime et des a fini par réussir, il y a environ un mois, grâcecha- Elle bihha,qui font souvent peur à voir, Fadi appa-à l’appui de l’aviation. On s’est replié alors dans raît comme un jeune homme mo-ce que l’on appelle la Montagne kurde, deste, très ordinaire, d’assez petiteTAGOEREPRdans des localités comme Aka, Salma, taille, avec un physique passe-par-Dama, Ibdama ou Kesaibe, que con-tout, pas même de vraie barbe, juste un soup-un officier du nom de Malek al-Kurdi»,trôlait ra-çon, sans doute pour passer inaperçu. Mais le conte le jeune rebelle. Lui devient le chef d’un visage, où jamais ne perce un sourire, est em- petit groupe de 12 combattants, dont la mission preint de gravité et de tristesse. Agé de 26 ans, est de tuer les responsables deschabihha.Der-marié et père d’une fillette, cet ancien étudiant nier fait d’arme : une tentative d’assassinat en droit islamique à l’université de Lattaquié, contre un certain Ali Najib.«C’est un homme a quitté la Syrie il y a une semaine pour se réfu-d’affaires de Lattaquié, très proche de la famille gier à Tripoli, au Liban, où il se cache à présent.Assad, qui embauche deshchibaha.Je l’ai suivi Pour fuir la traque dont il fait l’objet, se reposerune semaine avec un pistolet muni d’unpendant et essayer de réorganiser l’insurrection depuissilencieux. Mais, à cause de ses gardes du corps, le nord du Liban. Il repartira en-suite à Lattaquié, où, reconnaît-il,«Tuer les médecins est une opération la partie est loin d’être gagnée pourdifficile car ils sont toujours accompagnés lF’lopeposition.de gardes du corps. Or nos pistolets coymrmse.tiecrrsuinl’cénsramnenoArpsèeDara,lavilleoùarusses ne sont pas très efficaces. Ce sont 2F0a1d1i,,cq’eusitaLaactctaoqmuipéaqguniésleasroéuvlèolvtee.calibres, ce qui nous oblige àde petits rles approcher à 3 mètres avant de tirer.» ldaègselensèspeedemliaèrreésbehlleiourne,sa,uradcéopnatretFadiqui a dirigé 12 combattants dans la Montagne kurde pacifique. Dans cette grande ville, où cohabitent sunnites, alaouites et une petiteimpossible de l’approcher. Et puis, il y ac’était minorité chrétienne, c’est d’abord la mosquéeexactement onze jours, vers minuit trente, l’occa-Ramleh qui appelle à des manifestations, bien-sion s’est présentée. Il dînait dans un restaurant tôt suivie par d’autres. Une première manifes-du 8 Mars, près de l’im-qui lui appartient, rue tation, réprimée sans trop de violence, puis,meuble des Waqfs[biens religieux de main-une seconde, le lendemain, où cette fois les morte].Je suis entré et j’ai jeté une grenade qui forces de sécurité ouvrent le feu. est«C’était le dé- tombée entre sa table et celle de ses hommes. but. Pendant six mois, on est sorti sans armes. On Il n’a été que gravement blessé mais les deux filles courait dans les rues sous les balles. Les manifes- qui l’accompagnaient ont été tuées.»Pas de re-tants, touchés, nous tombaient dessus. On negrets d’avoir tué les deux jeunes filles.«Non, touchés. Je sais que, pour certains, ils ont été en-s’arrêtait pas [pour leur venir en aide]. On conti- elles cherchaient à infiltrer l’insurrection»,ré-fermés vivants dans les réfrigérateurs de la nuait de courir. Après ces six mois, de jeunes offi-pond-il sans qu’on le sente, cette fois, sincère.morgue», raconte-t-il. Lui-même a tiré sur ciers ont commencé à déserter, à s’entraîner et«Morgue».Jusqu’à sa fuite au Liban, Fadi in- deux médecins:«Les tuer est une opération dif-à prendre les armes à la périphérie de la ville.dique avoir mené, avec son groupe, une tren-ficile car ils sont toujours accompagnés de gardes Ceux qui n’étaient pas dans l’armée sont restéstaine d’opérations d’élimination, dont huit at-du corps. Or nos pistolets russes ne sont pas très à l’intérieur et ont pris des fusils de chasse. De-tentats à la voiture piégée. Ce sont de petits calibres, ce qui nous«Nous avons tué le efficaces. puis, l’armée n’a cessé de détruire les quartiers mokhtar[l’équivalent d’un maire] obligedu quartierà 3 mètres avant de tirer. à les approcher sunnites pendant que la population s’armait de de Slaibe, le vice-directeur de la Sûreté de la ville Alors, on le fait quand ils sont dans leurs bureaux plus en plus», raconte Fadi, d’une voix mono-d’Ali Dib, et blessé un général et un capitaine avec ou quand ils mangent.» corde, presque éteinte. Pendant cette période,des grenades. Nous avons aussi tué un médecinSi Fadi est venu se cacher à Tripoli, c’est parce lui-même est chargé de distribuer des flyerset blessé trois autres. Ils travaillaient dans deuxqu’il a failli être arrêté il y a une semaine.«Un qui appellent à l’unité des sunnites et des à moi, Abou Walid, un sunnite, m’a téléphonéétablissements de Lattaquié, l’hôpital Al-Assad, ami alaouites contre le régime. Un slogan : « me dire qu’il voulait me voir. Je suis allé au pour Al-American, et Al-Watan, à MachrouaNous rue sommes une seule main.»Puis, quand la police rendez-vousSlaibe. Dans ces deux endroits, des blessés que mais j’ai d’abord observé l’endroit du régime découvre son identité, il fuit vers lesl’on avait déposés pendant les manifestations y à distance. Cela m’a permis de découvrir qu’il y montagnes en direction de la Turquie. Sa fa-mouraient alors qu’ils n’étaient que légèrement des policiers cachés tout autour. Dès lors, avait
