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De la survie dans un milieu de dénonciations et de révélations Le major Brett Boudreau, CD
L a mise au jour d'actes ou d'omissions illégaux, nuisibles et contraires à l'éthique de personnes exerçant une autorité administrative ou financière n'est pas un phénomène nouveau dans la culture politique occidentale. Par exemple, des masques de pierre féroces et grimaçants, une ouverture en guise de bouche, sont sculptés dans des blocs de marbre à hauteur de taille dans les murs de plusieurs immeubles publics de Venise. Dès le XIV e siècle, les dénonciations secrètes contre les agents publics vénitiens étaient déposées dans ces bocca di leone - « gueules de lion » ou « bouches de vérité » - dans lesquelles étaient placés des coffrets fermés. Une puissante organisation de sécurité de l'État désignée Conseil des Dix examinait les dépôts diffamatoires : les écrits anonymes étaient rejetés, et il ne fallait que deux témoins pour corroborer les allégations. Ceux qui portaient des accusations non fondées étaient châtiés, mais ceux qui étaient jugés coupables d'avoir commis des crimes contre l'État n'avaient aucun droit d'appel et l'identité de leurs délateurs leur était cachée. Les accusés attendaient leur sort dans une antichambre voisine du Conseil des Dix et, pour le malheureux coupable, une fois echaîné et avoir franchi le Pont des Soupirs , c'était la chambre des tortures et la prison humide et froide. De nos jours, c'est l'opinion publique qui fait office de tribunal, et il semble que le pire sort qui attende ceux qui sont jugés et trouvés coupables soit la condamnation au pilori par la presse quoique, pour être encore plus cynique, on pourrait dire que la « sentence » qui attend les scélérats militaires est une affectation, une promotion ou un marché de services privés. Et plus souvent qu'autrement, c'est le dénonciateur - qui, au sens figuré, est celui qui dépose l'allégation dans la gueule du lion - qui se fait mordre la main par l'institution même qu'il a nourrie. L'amiral américain Hyman Rickover résume peutêtre le mieux cet état de chose lorsqu'il avance que, « si vous devez pécher, péchez contre Dieu et non contre la bureaucratie. Dieu vous pardonnera, la bureaucratie jamais ». Une autre remarque largement citée en ce qui concerne les obstacles auxquels font face les dénonciateurs est que « si Dieu, la loi, la presse et les faits sont de votre côté, vos chances de gagner sont de 50-50 ». 1 Si tel est le triste sort qui attend le dénonciateur, comment se faitil alors que nous en sommes au point où l'occasionnel observateur des affaires militaires du Canada conclura vraisemblablement que les fuites au profit des médias d'information constituent le principal moyen de communication entre le ministère de la Défense nationale et le grand public? Depuis maintenant des années, les médias ont été inondés de documents et de « tuyaux » fournis par des membres du personnel du Ministère. La mise au jour qui en a résulté a permis d'alimenter une tempête de publicité négative de cinq ans, contribué à un grave déclin de la confiance du public au chapitre de la gestion de la Défense et à un moral chancelant chez ses membres; par la même occasion, tout cela a sans aucun doute été un catalyseur d'une réforme importante et très nécessaire. Pour ceux qui les appuient, les dénonciateurs sont des « héros publics », pour ceux qui s'y opposent ce sont des « scélérats de la pire espèce » et il y a peu de points communs entre les deux extrêmes. Il s'agit d'un problème émotif sur lequel on a rarement écrit dans le contexte canadien et dont on a parlé encore moins ouvertement, une situation remarquable si l'on tient compte de son incidence sur la formulation et la mise en œuvre de la politique gouvernementale. Le dilemme consistant à « dénoncer ou à ne pas dénoncer » est une décision réfléchie d'ordre éthique qui met à l'épreuve comme rien d'autre ne saurait le faire les liens de loyauté envers l'organisation. La fréquence des dénonciations au sein du ministère de la Défense nationale (MDN), ce qui les motive, le genre d'information qu'on laisse couler et les destinataires de ces informations, tout cela permet de se faire une idée valable de l'éthique du Ministère et laisse entrevoir certains moyens de corriger la situation. 2
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