Souvent décrié, le smartphone tente de se faire une place dans l’éducation
Par PierreLoeiz Thomas
Selon la 18e et dernière édition du Baromètre du numérique, 80 % des élèves en collège possèdent un smartphone.Drazen / stock.adobe.comIl pourrait jouer un rôle majeur dans l’apprentissage alors que «50% des usages de la lecture dans le monde d’ici 15 ans pourraient se faire sur le mode digital», selon l’entrepreneur Juan Pirlot de Corbion interrogé lors de la Conférence de Paris ce lundi 16 décembre. Le bannir ou le plébisciter ? Depuis le début des années 2010, lesmartphonea envahi les foyers et, par extension, les établissements scolaires. Selon la 18e et dernière édition du Baromètre du numérique, 80 % des élèves au collège en France possèdent un smartphone, et jusqu’à 100 % en lycée. Sil’on en croit le plan dévoilé par NicoleBeloubet à la rentrée 2024, les smartphones devraient être bannis des
établissements d’enseignement secondaire en janvier 2025. En septembre, la ministre de l’éducation de Gabriel Attal justifiait cette mesure en s’appuyant sur un rapport rendu en avril dernier. Plusieurs experts y recommandaient un usage limité des appareils mobiles jusqu’à l’âge de 18 ans. Depuis la rentrée, 200 collèges français expérimentent déjà cette«pause numérique»en interdisant l’usage des smartphones dans leurs enceintes. Mais interdire n’est pas la solution à tout, nuance l’OCDE dans son dernier rapport Pisa sur les résultats scolaires publié en mai dernier.«Les modalitésd’accèsaux ressources numériques au moyen de la téléphonie mobile représentent unepart importante des infrastructures numériques envisageables», note l’organisation dansses conclusions.«L’utilisationd’appareilsnumériques dans les salles de classe est devenue une arme à double tranchant», insiste l’OCDE appelant à trouver un« juste milieu ».«lutter contre la distraction »par les smartphones sur le temps scolaire d’un côté, promouvoir un«tempsd’écranpositif (...) supervisé et axé sur des contenus éducatifs»de l’autre.
Une éducation de qualité pour tous
«Plus de 50% des usages de la lecture dans le mondepourraient sefaire sur le mode digitald’ici15 ans», a rappelé ce lundi 16 décembre Juan Pirlot de Corbion, fondateur de YouScribe, interrogépar ThierryDassault, Président du Conseil de Surveillance de GIMD* (Groupe industriel Marcel Dassault) lors de la Conférence de Paris. Pour l’entrepreneur, les appareils mobiles peuvent démocratiser la lecture et«mettre à portée de tout un chacun des bibliothèquesquin’existentpas dans certainspays». Déjà implanté sur le continent africain, YouScribe propose un catalogue de plusieurs milliers d’ouvrages accessibles depuis n’importe quel appareil moyennant un abonnement.«En France, il y a 15.000 bibliothèques publiques, environ une pour 2000 habitants. En Afrique,c’estune bibliothèque pour plusd’unmilliond’habitants», a rappelé Juan Pirlot de Corbion. Les Nations unies rappellent que, pour permettre à tous d’avoir accès à une éducation de qualité,«l’améliorationdes infrastructures scolaires de base et l’adoption de la transformation numérique sont essentielles.»Selon les derniers chiffres de la GSM association publiés fin octobre 2024, 57 % de la population mondiale (4,6 milliards de personnes) utilise l’Internet mobile sur leur appareil personnel. Un pourcentage qui devrait continuer d’augmenter dans lesprochaines années.*Le groupe Dassault est propriétaire duFigaro.