Bolivie, Bangladesh, Pakistan... autant de pays en voie de développement qui ont été fortement secoués par la crise qui a frappé durement le secteur du microcrédit en 2010. Accusées de conduire au surendettement d'une grande partie des bénéficiaires de ce dispositif, les institutions bancaires sont depuis dans l'oeil du cyclone. Une situation financière inextricable pour nombre de ménages directement à l'origine de plusieurs suicides. Le rythme de croissance exponentielle de prêts octroyés par un nombre toujours plus conséquent d'institutions couplé à une forte diminution des ressources des emprunteurs expliquent en partie cette impasse. Face à l'incapacité d'une importante minorité de clients de rembourser leur emprunt, les établissements bancaires ont dès lors exercé une pression très forte sur cette clientèle pour rétablir l'équilibre. Harcèlement verbal ou sexuel, confiscation des biens... les créanciers n'ont plus de limites pour récupérer leur argent. À ce jour, plus d'une dizaine de suicides sont directement imputés à cette pression en Inde.
La réforme du crédit à la consommation oblige les banques à publier un bilan annuel de leur activité de microcrédit, mais la question sociale y est souvent éludée. Aux États-Unis, la performance sociale des banques est évaluée par la distribution de crédits aux personnes à faibles ressources. Les établissements doivent justifier les rejets de prêts, où seuls les critères économiques peuvent être pris en compte.
En France, l'ensemble des enjeux liés au microcrédit personnel réside dans la capacité des associations soutenues par la Caisse des dépôts d'éviter l'exclusion financière des ménages tout en s'abstenant de surenchérir sur le surendettement. En disposant de cet outil financier, le tissu associatif connaît un second souffle. Si le dispositif est de plus en plus plébiscité par les Français, les strictes conditions d'accès constituent une entrave sérieuse à son développement. Dans le cadre régional, les associations négocient, avec les établissements bancaires partenaires, un retour sur investissement lorsqu'un quota de microcrédits a été distribué. Néanmoins, cette prime demeure difficile à obtenir pour des associations qui travaillent avant tout à l'équilibre social et non à des fins économiques. L'avenir de ce système passe par sa capacité à élargir son coeur de cible sans renier ses fondamentaux.
En France, 5 millions de personnes n'ont pas accès à un crédit classique, faute de revenus suffisants. L'ANSA (Agence nouvelle des solidarités actives) se montre critique à l'égard du pilotage actuel du microcrédit social. Elle préconise notamment l'élargissement de la fourchette des montants autorisés de 0 à 5.000 €, avec une période de remboursement échelonnée sur une fourchette de 2 à 60 mois. Le taux d'intérêt, à la charge de l'emprunteur, doit également être aligné sur le taux du livret A. Aux yeux de l'agence, le microcrédit personnel doit être ouvert à tout public exclu d'un prêt à la consommation sans que les situations professionnelle ou bancaire ne soient des facteurs discriminants. Tout type de demande doit être éligible et déterminée par la capacité de remboursement du demandeur. À ces fins, l'ANSA propose un pilotage local par les conseils généraux pour pallier les freins opérationnels et garantir une harmonisation des conditions d'accès.
Lorsqu'un particulier requiert une demande de microcrédit, sa situation est examinée au regard de tous les modes de financement possible de son projet. Il revient à l'accompagnateur social d'orienter la demande vers la solution la mieux adaptée. En 2010, la Caisse des dépôts estime que ce dispositif a permis à 25.000 ménages financièrement fragiles d'être dirigés vers la solution convenant au mieux à leur projet. L'éducation au crédit et à la prudence fait partie intégrante des attributions des accompagnateurs. Ainsi, l'association CRESUS propose un stage de 2 heures dédié à l'apprentissage des divers instruments à connaître absolument pour éviter le surendettement. Une formation indispensable, qu'il convient de généraliser dans une politique de prévention à plus grande échelle, pour lutter contre l'exclusion sociale et sortir les ménages de la spirale destructrice du surendettement.