La Voix des femmes, nº 1, 21 mars 1848Eugénie NiboyetProfession de foiProfession de foiUne grande révolution vient de s’accomplir. Cataclysme moral d’idées plus rapidesque l’onde, en quelques heures elle a débordé Paris, en quelques jours elle adébordé la France, en quelques mois peut-être elle aura débordé l’Europe. Lesglorieux promoteurs de cette éclatante victoire ont eu tous les partis pour historiens,tous les journaux pour tribune ! Et pourquoi donc, à son tour, la femme ne mêlerait-elle pas sa voix à ce Te Deum général elle qui donne des citoyens à l’État, deschefs à la famille ? La Liberté, l’Égalite, la Fraternité, appellent le genre humain auxmêmes prérogatives ; honneur à cette trinité sainte qui accordera aux femmes desdroits de citoyenneté, leur permettant de s’élever intellectuellement et moralementà l’égal des hommes.Dans un gouvernement libre et éclairé, la lumière doit être pour tous, ainsi le veut lajustice. L’homme et la femme, sous une sage loi d’union, forment ensemblel’individu social et tendent au même but par des moyens divers, comme est diverseleur nature. Si l’un marche en avant pour tendre la main à l’autre, leur chaîne d’unionne sera pas rompue ; mais s’ils se perdent de vue, il y aura bientôt entre eux unabîme. La citoyenneté est un titre qui oblige à suivre le progrès pas à pas, souspeine de déchéance. Que toutes les femmes se le disent, et s’unissent pours’éclairer, se fortifier, s’améliorer. Celles qui ont reçu mission ...
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