Israël en ÉgypteÉtude sur un oratorio de G.F. HændelMaurice Bouchor1888À CASIMIR BAILLESommaire1 I2 II3 III4 NotesICroyez-moi, Baille, prenons l’habitude de retourner dans cette hospitalière ville deBâle, où il nous est permis de nous laver de toutes les turpitudes contemporainesqui nous écœurent dans l’un de ces grands fleuves de la musique, Bach ou Hændel,larges et sereins comme le fleuve des Amazones, sacrés comme le Gange etpurifiants comme lui. Ne disons pas trop de mal de Wagner : contentons-nousd’échapper, fût-ce pour quelques heures, à son influence qui n’est pas toujoursbienfaisante. Entre deux auditions d’un chef-d’œuvre riche en fugues immenses,regardons couler le Rhin, pâmons-nous devant le Saint Georges de la cathédraleou devant le Saint Martin qui coupe en deux son manteau comme pour en revêtirpieusement un tronc d’arbre ; étudions les dessins de Holbein, admirables de vie etde science, de force et de vérité ; ne négligeons pas d’arroser de quelque vin rosele saumon du Rhin, les filets de féras, la tanche frite ou le fin brochet ; faisonsrésonner discrètement, dans le silence du musée gothique, l’épinette ou le virginal ;esquissons le sujet de mainte fugue de Bach sur des touches creusées par lesterribles galops d’anciens pandours du clavicorde ; enfin laissons-nous vivre,respirons un air paisible, perdons tout souvenir des littératures et musiquesfaisandées dont le parfum vaut celui de certaines cuisines parisiennes à ...
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