Scientia, vol. 9, 1911Antoine MeilletDifférenciation et unification dans les langues(Édition de 1921)Différenciation et unification dans les languesOn enseigne que le français et le bulgare, par exemple, sont des langues indo-européennes, le babylonien et l’arabe du Maroc des langues sémitiques, lesouahéli et le douala des langues bantoues, le lapon et le magyar des languesfinno-ougriennes, et ainsi de suite. On entend par là que, abstraction faite desdifférences que ces langues présentent maintenant entre elles, le français et lebulgare continuent une seule et même langue, dite langue indo-européenne ; et demême pour les autres cas. Cette formule a un sens précis si l’on considère leslangues, abstraction faite des hommes qui les parlent et des lieux où on les parle.Entre le français moderne et l’indo-européen, il y a une tradition continue, et dumoment le plus ancien au moment actuel, des groupes d’hommes se sont trouvésqui employaient, autant qu’il leur était possible, le même système phonique et lemême système morphologique, la même prononciation et la même grammaire. Lepoint de vue auquel on se place pour faire une classification généalogique deslangues est donc légitime, et l’on ne saurait contester la correction du procédé.Mais la transmission des systèmes considérés se fait de manières distinctessuivant les cas. Et, constamment, deux tendances antagonistes sont en jeu, l’unevers la différenciation, l’autre vers l’unification.Par le fait ...
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