AMER PLAIDOYER POUR UN CATHOLICISME RÉINCARNÉ par Michel Bellin Ecrivain postchrétien Parmi les 300.000 ou le million de manifestants, ne chicanons pas, qui défilèrent à Paris le 13 janvier dernier, j’ai rêvé d’un chrétien dans la foule – de redevenir, moi, ce chrétien-ci ! – qui, au retour du combat, écrirait ces lignes. Sans doute n’existe-t-il pas. Mais s’il n’en existe qu’un, un seul, comme autrefois pour sauver Sodome, je lui dédie ce texte où j’ai mis un reste de foi et un peu de ma vieille colère : J’écris près d'un mois plus tard, à froid, aussi lucidement que possible. Oui, sur le Champ-de-Mars, bizarrement, je me suis senti soudain dégrisé. Isolé. Comme le dernier des Mohicans. Plus envie de chanter, pas même de prier. Je me suis senti perdu, j’ai senti que nous avions déjà perdu. Car l’évidence m'a terrassé : nous, les cathos, nous n’aimons pas vraiment notre terre. Du moins pas telle qu’elle est, mais telle que nous la rêvons depuis la nuit des temps : une terre idéale, une humanité désincarnée où ne règneraient qu’une Nature harmonieuse, des hommes angéliques sans sexe ni pulsions, des couples hétéronormés, des géniteurs responsables, des familles unies. C’est donc le moment de l’examen de conscience. Et du bilan.
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