Tintin et Spirou contre les négriés , bd

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BD

2013

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Ebook

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Date de parution

01 janvier 2013

Nombre de lectures

4

EAN13

9782811110123

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

7 Mo

Philippe Delisle
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Collection Esprit BD Dirigée par Philippe Delisle
La bande dessinée est devenue un média incontournable, qualiïé e aujourd’hui de 9 art. Derrière ce terme générique, se cache une production multiforme. La BD se décline en variantes nationales (école franco-belge, comics américains, mangas japonais), en types artistiques et graphiques (couleurs ou noir et blanc, planches classiques ou éclatées …) et en divers formats, qui sont autant de reets des sociétés dans lesquelles elle est produite. Elle est en effet aussi bien le miroir des imaginaires ambiants qu’un instrument de communication. La collection « Esprit BD » entend se pencher sur la littérature en images, avec un regard historique et sociologique, aïn de faire ressortir les représentations construites par ce média à travers le temps et des thématiques différentes. On s’interrogera par exemple sur l’image du chien dans la BD pour enfants et sur la construction d’une certaine vision de la conquête de l’Ouest. Certains thèmes qui entrent dans le « périmètre historique » de l’éditeur Karthala e pourront être abordés à travers le prisme du 9 art, comme l’histoire de la traite négrière, ou encore les religions extra-européennes.
Couverture :DR Conception graphique :Cyrille Fourmy
© Éditions Karthala, 2013 ISBN: 978-2-8111-1012-3
Philippe Delisle
ÉditionsKARTHALA 22-24 boulevard Arago 75013 Paris
I N T R O D U C T I O N
Il peut paraître pour le moins surprenant d’aborder un sujet aussi grave, voire tragique, que la servitude par le biais de la bande dessinée. Toutefois, ce média n’est pas seulement un instrument de distraction destiné à des enfants, forcément réducteur. Depuis la ïn des années 1960, toute une produc-tion pour les adultes s’est afïrmée, souvent documentée et qui nourrit parfois une réexion originale sur le passé. Par ailleurs, même lorsqu’elle vise explicitement des enfants, la bande dessinée constitue une source particulièrement riche pour qui souhaite appréhender les représentations d’une société et d’une époque. Les théoriciens s’accordent aujourd’hui à penser que le genre repose sur des séquences d’images et à un moindre degré, puisque certaines planches sont muettes, sur une mixité 1 textes-dessins . Le « neuvième art » mobilise par conséquent, en les combinant étroitement, des éléments signiïcatifs variés, que les historiens ont plutôt l’habitude d’analyser séparément. Aborder cette source particulière équivaut à étudier des cases isolées, qui font parfois écho à des tableaux, des gravures ou
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Thierry GROENSTEEN,La bande dessinée, mode d’emploi, Les impressions nouvelles, 2008, pp. 32-43.
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TINTIN ET SPIROU CONTRE LES NÉGRIERS
des photographies, mais aussi des phrases, signiïcatives d’un discours ambiant, et pour ïnir des enchaînements d’images, et donc une dynamique visuelle. En outre, probablement par souci d’efïcacité, la bande dessinée mobilise largement, notam-ment quand elle vise les enfants, des clichés, des stéréotypes, qui traduisent de manière assez immédiate les préjugés prévalant ou perdurant à une époque donnée.
Précisons que nous n’entendons pas aborder par le biais du « neuvième art » toutes les formes d’esclavages. Notre réexion est née d’un constat : la production « franco-belge » des années 1940-1960 a mis à maintes reprises en scène des héros qui affrontaient de redoutables négriers, sans doute en écho au discours colonial. On se concentrera donc sur la déportation d’esclaves africains, et sur l’un des phénomènes qui en résulte : la servitude établie dans les possessions européennes d’outre-mer. Il s’agit d’un processus historique de grande ampleur, qui a affecté, sur un temps long, des millions d’hommes et de femmes, arrachés à leur terre natale. Les chercheurs n’ont pas manqué de s’intéresser à cette question et les connaissances se sont progressivement afïnées. Ainsi, le nombre d’esclaves déportés en Amérique par les Européens, qui a longtemps fait l’objet de polémiques, n’est aujourd’hui plus guère discuté. Olivier Pétré-Grenouilleau a marqué une étape importante au sein de la réexion historique, en publiant au début des années 2000 une synthèse qui envisage ensemble les diverses formes de traites négrières : européennes, mais aussi arabo-2 turques et même intra-africaines . Toutes les interrogations n’ont pas été résolues pour autant. Marcel Dorigny a ainsi fait observer que les connaissances sur le commerce d’escla-ves arabo-turc étaient beaucoup moins assurées que celles sur le traïc européen, et qu’avancer des chiffres élevés trop précis pour ce qui touchait au premier pouvait participer à un
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Olivier Pétré-GRENOUILLEAU,Les traites négrières. Essai d’histoire globale, Gallimard, 2004, 733 p.
INTRODUCTION
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3 dédouanement des Occidentaux . Quoi qu’il en soit, le sujet ne passionne pas seulement des chercheurs accomplis. Il bénéïcie aussi d’un large écho dans nos sociétés, ce qui explique sans doute pourquoi il reste un thème d’actualité pour plusieurs auteurs de bandes dessinées. D’ailleurs, par le jeu des migra-tions contemporaines, une part de la population française intègre la question de l’esclavage dans son héritage personnel. L’objet de mémoire rejoint ici l’objet d’histoire ! Et l’on sait que le législateur français a pris la peine de se prononcer sur la question, puisqu’en mai 2001, un texte est venu qualiïer la déportation des Africains vers l’Amérique de « crime contre 4 l’humanité » .
De la même manière, nous n’entendons pas nous pencher sur toute la bande dessinée, ni sur n’importe quelle bande dessinée. Partant du constat que la traite négrière et l’esclavage colonial ont été évoqués dans les exploits de personnages aussi célèbres que Tintin et Spirou, on se concentrera sur ce qu’il est convenu d’appeler l’école « franco-belge ». Le terme prête parfois à confusion. Certains observateurs, comme Thierry Martens, ancien rédacteur en chef de Spirou, ont souligné que la relégation de la référence à la Belgique en deuxième position posait problème, car au moins jusqu’à la ïn des années 1950, c’est dans le petit royaume que la création était la plus active. De même, des spécialistes ont remarqué que, pour éviter toute confusion avec la production explicitement française, mais aussi avec la littérature en images amande, il faudrait peut-être 5 évoquer une bande dessinée « wallo-bruxelloise » . Pour notre part, nous entendons employer le terme « franco-belge » dans un sens précis, aïn de désigner une création faite de porosité,
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MarcelDORIGNY, « Traites négrières et esclavage : les enjeux d’un livre récent »,Hommes et libertés,n° 131, juillet-septembre 2005, pp. 51-53. Myriam COTTIAS,La question noire, histoire d’une construction coloniale, Bayard, 2007, pp. 75-98. Voir à ce sujet : Jean PIROTTE, Luc COURTOIS, Arnaud PIROTTEet Jean-Louis TILLEUIL(sous la dir.),Du régional à l’universel. L’imaginaire wallon dans la bande dessinée,Louvain-la-Neuve, Fondation Humblet, 1999, 315 p.
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