Le petit astronaute , bd

Le petit astronaute
Le petit astronaute
© Jean-Paul Eid. Tous droits réservés. 2021
© Les Éditions de la Pastèque
102, avenue Laurier Ouest
Montréal (Québec) H2T 2N7
www.lapasteque.com
Infographie : Martin Brault et Stéphane Ulrich
Révision : Liette Lemay
Dépôt légal : 2 e trimestre 2020
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque et Archives Canada
ISBN 978-2-89777-103-4
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Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Titre : Le petit astronaute ! Jean-Paul Eid.
Noms : Eid, Jean-Paul, auteur, illustrateur.
Identifiants : Canadiana 20200092685 | ISBN 9782897771034 (couverture rigide)
Vedettes-matière : RVMGF : Bandes dessinées.
Classification : LCC PN6733.E32 P48 2021 | CDD 741.5/971—dc23
Le petit astronaute
Jean-Paul Eid
La pastèque
Le temps a passé et me revoilà Cherchant en vain la maison que j’aimais Où sont les pierres et où sont les roses Toutes ces choses auxquelles je tenais ? D’elles et de mes amis plus une trace D’autres gens, d’autres maisons ont volé leurs places
La maison où j’ai grandi Eddy Marnay
Astronaute Tom appelle la base…
Me recevez-vous ?
J’ai subi des avaries. Je répète: j’ai subi des avaries.
J’ai subi des avaries. Je répète: j’ai subi des avaries.
Je ne sais pas ce qui est arrivé.
Le ciel était calme…
… et puis il y a eu cette fuite. Rien de bien grave…
Il me restait assez de liquide pour arriver à destination.
5
La température est montée en flèche.
Pendant une fraction de seconde, j’ai perdu le contact.
Disparu du radar.
Pendant un battement de cils, un battement de cœur…
Mais ça a suffi à dérégler leg instruments. La console de pilotage ne répondait plus.
Entre la lumière et la mort. Je ne m’en souviens plus.
Atterrissage catastrophe !
6
Je me suis échoué sur cette planète bleue…
… peuplée de mamans, de papas, de grandes sœurs, de grands–parents…
… couverte de maisons à étages avec des corridors sans fin et des escaliers en tire–bouchon.
Ici astronaute Tom. Répondes–moi !
Répondez–moi !
7
Certaines nuits, quand je regarde par les deux grands hublots de mon astronef, je peux entrevoir le ciel étoilé.
Et je sais que, parmi les petits points scintillants, se trouve l’étoile d’où je viens…
… là où on parle sans mots…
… où on se déplace sans jambes.
Je m’appelle Tom. Me recevez–vous ?

Les souvenirs, on a beau essayer de les retenir, ils finissent toujours par nous couler entre les doigts.
Un jour où l’autre, sans qu’on s’en rende compte, les visages se confondent…
Les regards deviennent flous…
Les détails disparaissent.
Alors, une fois par année, je viens faire mon pèlerinage dans le quartier.
Pour que son visage ne s’efface pas.
C’est ici.
Dans cette ruelle, les plus belles années de ma vie…
Je me souviens des anniversaires, des piñatas…
… de mon premier vélo à deux roues…
… des chasses au trésor…
Quelques larmes aussi.
Le corps inerte de Crapule, mon chat …
… mon amoureux qui tient la main d’une autre.
Les arbres ont poussé.
Certaines palissades ont perdu des planches sous le poids du lierre…
Mais les maisons, elles, sont toujours là !
Ces maisons, elles ont l’âge de ma grand–mère.
Et comme des grands–mères, elles veillent sur leur progéniture jusqu’à ce qu’elle quitte le nid.
Elles en ont vu partir pour l’école, certains pour la guerre, d’autres pour le ciel.
Puis, elles déroulent leurs longs escaliers en fer forgé vers d’autres enfants, qui apprendront à les gravir à leur tour.
Les maisons, ça sert à fixer nos souvenirs pour les rendre indélébiles.
13
C’est toi qui as perdu ton chat ?
Tu veux qu’on t’aide à le retrouver ?
Mon chat ?
Ouais, on est super bonnes pour attraper des chats!
J’ai plus de chat depuis des années. Qu’est-ce qui vous fait croire que j’en ai un ?
Ben, qu’est-ce que tu cherches, d’abord ?
Des souvenirs!
C’était ma maison quand j’étais petite.
Alors toi aussi, tu viens pour les visites ?
14
Quelles visites ?
Ils vendent la maison. C’est la journée des visites libres !
Les visites libres ? Ça veut dire qu’on me laisserait entrer ?
C’est déjà plein de monde !
Heu !
Hum, c’est vos traces de mains, ça ?
Tu le diras pas, hein?
Pliiize !
J’voulais même pas, moi!
Vous en faites pas ! Ça va rester entre nous, pas un mot, promis !
15
De toute façon, moi je dis qu’il est jamais trop tôt pour marquer son territoire !
Et puis, c’était mon trottoir avant d’être le vôtre.
Alors je suis solidaire. Faut se tenir les coudes contre l’envahisseur !
Hey ! C’est pourquoi ton tatouage de fusée ?
Mon frère est astronaute.
Astronaute ?
Ayoye ! Pour vrai ?
Tu nous niaises ?
16
Y est–tu comme allé dans l’espace ?
… ou sur une autre planète, genre?
On se retrouve tout à l’heure ! Surveillez mon vélo !
17
Bonjour, mademoiselle.
Je… je viens pour la visite !
Mais bien sûr ! Entrez donc !
Si vous avez des questions, n’hésitez pas. Je serai pas très loin.
Mon Dieu, rien n’a changé…
Les boiseries, les moulures…
Ça me revient…
Et elle est encore là…
Cette odeur…
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Le craquement des planchers fatigués…
Les vitraux qui jetaient des arcs–en–ciel jusque dans la salle à manger.
Le garde–robe de l’entrée…
… ma cachette préférée, derrière les manteaux qui embaumaient le tabac et le parfum.
Et le portique…
… témoin muet de baisers volés pendant que les parents ne regardaient pas.
La première fois que j’ai visité l’appartement, c’était un jour de pluie. Maman était enceinte de Tom, mon petit frère.
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Papa et moi, on était en retard.
Mais papa…
Tu vas trop vite!
Désolé, Tourniquette, mais on n’a pas le choix ! Il va falloir courir un peu !
T’es où ?
Panne de métro ! J’arrive avec Juliette !
Papa !?
JjvppuutouvvrR…
Je t’attends ! C’est l’appart de rêve. Faut pas qu’il nous glisse entre les doigts !
MMMmbbteeeydooOOO …
Qu’est-ce qu’il a, le monsieur ?
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